Christianisme orthodoxe pour les enfants

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Le but de cet article est de présenter le christianisme orthodoxe pour les enfants de 8 à 13 ans. Il existe un site web « Vikidia », dans lequel il y a un article dédié au christianisme orthodoxe, mais cet article est rédigé par quelqu’un qui n’est pas orthodoxe, et de ce fait il ne présente pas l’information authentique.

La présentation ci-après est faite d’un point de vue de chrétien orthodoxe.

Les chrétiens qui se disent orthodoxes, affirment que ce sont eux qui suivent au plus près l'enseignement de Jésus. 

Le mot orthodoxe vient de deux mots grecs ortho (qui veut dire droit) et doxa (qui veut dire opinion, mais également gloire). Donc, à la fois orthodoxie veut dire « opinion droite », et « manière juste et convenable de rendre la gloire à Dieu ».

Actuellement, le christianisme orthodoxe est la religion traditionnelle des chrétiens vivant principalement à l'Est de l’Europe : Russie, Roumanie, Bulgarie, Serbie, Grèce, Géorgie.

L’histoire du Christianisme Orthodoxe

Dans les temps anciens – le christianisme fut persécuté par les empereurs païens de l’Empire Romain. Les historiens parlent souvent d’empire « gréco-romain », car à l’est de cet empire la langue officielle est le grec, et à l’ouest le latin.

L'Empereur Constantin a interdit de persécuter des chrétiens en 313. Ensuite, en 330, il a déplacé la capitale de Rome vers l’est. La petite ville de Byzance a changé de nom pour devenir Constantinople (la ville de Constantin), la nouvelle capitale de l’Empire. On appelle souvent cette nouvelle capitale « la seconde Rome ».

A partir de 395, il y avait deux empires chrétiens partageant la même foi :

• l'Empire Romain d'Occident, avec sa capitale à Rome ;

• l'Empire Romain d'Orient, avec sa capitale à Constantinople.

L'Empire Romain d'Occident a cessé d’exister en 476. A partir de ce moment (jusqu’au 1453) le seul successeur légitime de l'Empire Romain est le pouvoir impérial de Constantinople.

Les orthodoxes ne reconnaissent pas le pape de Rome comme chef de la chrétienté, mais comme patriarche de Rome. En effet, ils ont leurs propres patriarches et leur propre hiérarchie.

Par la suite, le schisme de 1054 (provoqué par le patriarche de Rome) a séparé le monde occidental (dans la juridiction du patriarche de Rome) du monde oriental (dans les juridictions des patriarches de Constantinople, d’Antioche, de Jérusalem, d’Alexandrie).

Après la séparation (le schisme) des chrétiens d'Occident de ces chrétiens d'Orient en 1054, les chrétiens dans la juridiction du pape de Rome sont devenus hétérodoxes, et à partir de ce moment, ils ont commencé à s’appeler eux-mêmes « catholiques romains ».

Les hétérodoxes romains ont changé le huitième article du Crédo (voir le chapitre " Crédo " ci-après), en ajoutant le mot « filioque ».

Il s’agit de différence sur le dogme trinitaire – par rapport à la procession du Saint Esprit.

Les orthodoxes gardent le Crédo inchangé.

Les hétérodoxes romains ont reconnu le pape de Rome comme étant le chef de l’Église et comme étant infaillible, lorsqu’il parle ex cathedra. Les orthodoxes rejettent ces nouveautés.

Pour les orthodoxes, c’est le Christ qui est le chef de l’Eglise.

Les célibataires (moines) et les hommes mariés peuvent devenir membres du clergé orthodoxe. Alors que seulement les célibataires peuvent devenir membres du clergé catholique-romain.

Dans les églises orthodoxes, il y a des icônes qu’on ne trouve pas chez les « catholiques romains », lesquels ont plutôt des tableaux et des statues.

Il y a bien d’autres différences, ces quatre-là sont les plus caractéristiques.

On peut aussi rajouter que l'organisation papale (qui se dit " Eglise catholique-romaine ") a progressivement puis entièrement fondé sa structure et sa doctrine sur l'autorité absolue de l'évêque de Rome au-dessus de celle de tous les autres évêques du monde entier. De plus l'occupant du siège épiscopal de Rome revendique un statut de chef d'état détenant une partie des prérogatives souveraines des empereurs romains.

La prise et pillage de Constantinople en 1204 lors de la quatrième croisade est une page noire de l’histoire des Croisés. Dans tous les pays orthodoxes, l’humeur anti-latine se renforce après le sac de Constantinople par les Croisés.

Les Conciles de l'Eglise Orthodoxe

L’Église orthodoxe garde tous les dogmes du christianisme qui ont été formulés dans les conciles avant 1054.

On appelle souvent l’Église Orthodoxe « l’Église de sept Conciles », en référence aux 7 conciles œcuméniques qui ont eu lieu entre 325 et 787, en différents endroits, mais toujours pas loin de Constantinople (Nicée, Constantinople, Éphèse, Chalcédoine).

Sont reconnus également des conciles locaux, entre 314 et 880 : Ancyre, Néo-Césarée, Antioche, Sardique, Gangre, Laodicée, Carthage, Constantinople.

Le Crédo

Le Symbole de la Foi Orthodoxe (le crédo) reste inchangé, tel qu’il a été formulé au quatrième siècle : il existe 12 articles dans le Crédo.

Les premiers sept articles furent adaptés lors du Premier Concile Œcuménique (325, à Nicée) et les cinq derniers lors du Deuxième Concile Œcuménique (381, à Constantinople).

Les saints orthodoxes

Les saints vénérés dans l’Église Orthodoxe sont canonisés avant 1054 dans la juridiction de Rome (comme St Irénée de Lyon, St Patrick d'Irlande, St Martin de Tours, St Ambroise de Milan), ou les saints canonisés par les Églises locales qui sont restées orthodoxes : St Séraphin de Sarov, St Serge de Radoniege, St Job de Potchaïev, St Théodose de Kiev, St Grégoire le Théologien, St Nicolas de Myrre en Lycie, St apôtre André …

Le vocabulaire

Consensus patrum : principe de collégialité selon lequel la doctrine personnelle d’un saint est acceptée seulement si elle partagée par le concert des Pères de l’Église, tant en Orient qu’en Occident.

Hétérodoxe : le contraire d’orthodoxe. Le mot hétérodoxe vient de deux mots grecs hétéro (qui veut dire autre) et doxa (qui veut dire opinion, doctrine). Cela veut dire « quelqu’un qui n’a pas l’opinion juste, la vrai doctrine de la foi ».

Orthodoxe : adjectif qui qui est appliqué à la confession de la foi.

Catholique : adjectif qui qui est appliqué à l’Église (dans le Crédo) pour parler de son caractère universel (katholikos : veut dire « universel » en grec). Après 1054, les partisans du pape de Rome, ne pouvaient pas contester l’orthodoxie des orthodoxes, et pour se démarquer, ont changé le sens du mot « catholique ». Ils ont commencé à se dire « catholiques romains ». Telle utilisation est un abus de langage. Si la communauté des croyants n’a pas de foi orthodoxe, ils ne font pas parti de l’Église, laquelle nous confessons « Une, Sainte, Catholique et Apostolique » (9ème article du Crédo).

Les Sacrements

Dans l'Église Orthodoxe on retrouve 7 Sacrements, également appelés Mystères :

• Le baptême par trois immersions complètes.

• La chrismation (onction du saint chrême), cela correspond à la confirmation « catholique-romaine ». Chez les orthodoxes, la chrismation est pratiquée tout de suite après le baptême.

• La pénitence (ou la confession). Il s'agit de la métanoïa, changement d'attitude profond et durable, la conversion.

• L'eucharistie (ou la communion). Première communion, indépendamment de l’âge, est donnée tout de suite après le baptême et la chrismation.

• Le mariage.

• L'ordination (trois degrés d’ordination - diacre, prêtre, évêque).

• La bénédiction de l’huile pour les malades ; cela correspond à l’extrême-onction « catholique-romaine ».

Les rites

Le baptême s'effectue par trois immersions, alors que les « catholiques romains » ne pratiquaient qu'une aspersion.

Les orthodoxes font le signe de croix en partant du haut (le front), en descendant (le ventre), et en passant à l’épaule droite avant d’aller à l’épaule gauche.

Les orthodoxes ne disent pas « la messe », mais « la liturgie » – pour parler de l’office de l’Eucharistie. Les orthodoxes célèbrent la liturgie tous les jours, excepté pendant la période de Grand Carême. Durant cette période (40 jours avant la fête de Pâques) les liturgies ne sont pas célébrées le mercredi et le vendredi.

Pour l'Eucharistie, les orthodoxes utilisent un pain fermenté alors que les " catholiques romains " utilisent le pain azyme (sans levain).

Pour les orthodoxes, l’eucharistie resta toujours une célébration solennelle et festive qui supposait que la communauté chrétienne locale entière s’assemblât autour de la table du Seigneur.

L’Église Orthodoxe ignore les messes basses, ou les messes d'intention. Elle ne considère pas la célébration quotidienne de l’eucharistie comme une norme : un prêtre n’est pas admis à célébrer plus d’une fois dans la même journée, pas plus qu’un autel ne peut servir plus d’une fois par jour. L’eucharistie n’est jamais l’action d’un groupe particulier de fidèles et ne sert jamais des fins partielles ou accidentelles ; elle est toujours offerte « pour tout et en tout » par l’Eglise entière.

Certaines fêtes orthodoxes sont célébrées selon le cycle mobile, et d’autres selon le cycle fixe.

Les fêtes à dates mobiles :

- Entrée du Seigneur à Jérusalem (Dimanche des Rameaux) ;

- Pâques – Résurrection du Christ (fête la plus importante parmi toutes les fêtes chrétiennes);

- Ascension ;

- Pentecôte.

Les fêtes à dates fixes :

- Nativité de la Très Sainte Mère de Dieu, Vierge Marie ;

- Présentation de la Très Sainte Mère de Dieu au Temple ;

- Annonciation à la Mère de Dieu ;

- Noël – Nativité du Christ ;

- Rencontre solennelle du Christ au Temple de Jérusalem ;

- Théophanie – Baptême du Christ dans le Jourdain ;

- Transfiguration du Christ-Sauveur ;

- Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu ;

- Exaltation de la Croix.

Dans l’Eglise Orthodoxe il y a quatre carêmes de plusieurs jours de suite :

- Avant Noël ;

- Avant Pâques ;

- Avant la fête des apôtres Pierre et Paul ;

- Avant la fête de Dormition de la Vierge Marie.

Le sens de la vie pour un chrétien orthodoxe

Le but de la vie terrestre est de préparer son âme pour la vie d’au-delà.

Le moyen : acquisition du Saint Esprit par la prière et participation aux sacrements de l’Eglise.

Les exemples de la Mission Orthodoxe

Le testament évangélique que notre Seigneur Jésus-Christ a laissé à Ses disciples la veille de Son Ascension : « Allez, faites de toutes les nations des disciples, les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, et enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit » (Matth. XXVIII:19-20).

Au premier siècle, St apôtre Marc a fondé une Église locale à Alexandrie ;

St apôtre Pierre a fondé une Église locale à Antioche ;

St apôtre Paul a fondé plusieurs Églises locales à Ephese, Corinthe, Thessalonique, etc…

Au IVème siècle St Nino a fondé une Église locale en Géorgie.

Au Vème siècle St Patrick a fondé une Église locale en Irlande (fut plus tard soumise au pape de Rome).

Au IXème siècle, deux moines, St Cyrille et St Méthode, sont chargés par le patriarche de Constantinople, Saint Photios, d'aller convaincre les peuples slaves (jusqu'alors sans écriture) de se convertir à la religion chrétienne. Pour cela, Cyrille et Méthode inventent un alphabet (appelé aujourd'hui alphabet cyrillique) inspiré de l'alphabet grec et adapté à la phonétique des peuples slaves. Il permet de transcrire la Bible dans les langues slaves, et il est encore utilisé aujourd'hui. Une partie des peuples slaves entrent ainsi dans l'aire d'influence des Grecs. Ils convainquent d'abord les chefs, les rois, les princes, qui se font baptiser, avant de convertir les peuples.

A la fin de XVIIème siècle, St Germain, moine du monastère russe de Valaâm, fait parti de la mission orthodoxe en Alaska.

L’apparition et la propagation de l’Orthodoxie dans la région de l’Asie-Pacifique, sont liées en grande partie au développement de la Sibérie et de l’Extrême-Orient au XVIIème siècle, ainsi qu’à l’établissement de relations commerciales et diplomatiques entre la Russie et la Chine, la Corée et le Japon.

En 1713, le Saint-Synode institua la mission ecclésiastique russe en Chine. 

La mission au Japon a émergé en 1870 et, Saint Nicolas (Kassatkine), devient le père de l'Église Orthodoxe du Japon.

La mission orthodoxe en Corée est apparue officiellement en 1897, mais la Russie avait commencé la conversion des Coréens dans les années 1850 déjà. 

Dans les années trente du XXème siècle a été fondée aux Philippines, à Manille, une paroisse dédiée à l’icône de la Mère de Dieu d’Iviron. 

À la même époque a été créée la première paroisse orthodoxe sur l’île de Java en Indonésie.


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