Jeunesse de saint Serge de Radonege

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En première moitie du quatorzième siècle s'est formé un monastère, qui deviendra la célèbre Laure de Sainte-Trinité-et-Saint-Serge (Laure, c'est un nom spécifique pour des grands et importants monastères). Son fondateur, baptisé avec le prénom de Barthélemy, est devenu Serge, lors de tonsure monastique.


Naissance dans la Russie du début de quatorzième siècle

Saint Serge naquit le 3 mai de 1314 dans le village de Varnitzy, près de Rostov. Ses parents étaient nobles (boyards) et pieux, ils s’appelaient Cyrille et Marie.

Seigneur l'a choisi lorsque futur saint Serge fut encore dans le ventre de sa maman.

C'est ainsi qu'un jour au cours de la Liturgie et avant la lecture de l’Évangile, l'enfant se mit à crier dans le sein de sa mère si fort que sa voix fut entendue par d'autres. Au moment de l'Hymne des Chérubins, la voix de l'enfant se mit encore à retentir, ce qui effraya Marie. Lorsque le prêtre prononça : " Ce qui est Saint aux Saints ! ", l'enfant poussa un cri pour la troisième fois et sa mère commença à pleurer. Ceux qui étaient présents à la Liturgie souhaitaient voir l'enfant mais la mère fut contrainte de dire qu'il criait non pas sur ses bras mais dans son sein.

Dieu a donné à Cyrille et Marie un garçon, qui au baptême a reçu le prénom de Barthélemy.

Dès le sein de sa mère, Dieu laissa prévoir la gloire future de Son serviteur. Depuis les premiers jours de sa vie, l'enfant a étonné tout le monde, car les mercredi et les vendredi (les jours de carême chez les orthodoxes), il n'accepta plus le lait maternel, et si les autres jours de la semaine Marie mangeait la viande, le nouveau-né également refusait d'être nourri au sein.

Après cet événement inhabituel, Marie ne mangea plus de viande pendant toute la période d'allaitement.


Un défi à relever

Lorsqu'il eut sept ans, on envoya l'enfant étudier ensemble avec ses frères : son frère inné Stéphane et son frère cadet Pierre. Contrairement à ses frères qui apprenaient bien, Barthélemy éprouvait des difficultés, malgré que l'enseignant passait beaucoup de temps avec lui.

Ses camarades se moquaient de lui, ses parents le réprimandaient et le maître le punissait, mais malgré toute sa bonne volonté, Barthélemy ne parvenait pas à apprendre.


Barthélemy se tourne vers Dieu pour demander de l'aide

Alors, Barthélemy s'est tourné vers Dieu et avec les larmes, il pria pour obtenir la capacité d'étudier.

Avec beaucoup de peine, nuit et jour, il pria pour acquérir la science transmise par les livres.

Barthélemy est encouragé par un vieux moine rencontré dans les alentours

C'est alors que se produisit le même phénomène qu'avec Saül.

Un jour que son père l'avait envoyé au champ chercher des chevaux, Barthélémy aperçut un moine inconnu, âgé, sous un chêne au milieu des champs, qui priait en versant des larmes. Le jeune garçon s'approcha doucement, attendant la fin de la prière du Stariets [= Ancien, Guide spirituel]. Le vieux moine a donné une bénédiction à Barthélemy et lui dit : "Qu'est-ce qu'il te faut, mon enfant?" Barthélemy répondit : "De tout mon âme je souhaite apprendre à lire et à écrire, mais je ne puis apprendre malgré mes efforts. Père, prie Dieu pour moi, pour que je puisse apprendre les lettres."

Le Stariets a écouté avec la compassion la requête du garçon, a prononcé une prière pour la facilité d'apprentissage, et dit lui en le bénissant : " Ne t'afflige point. Désormais, le Seigneur te donnera la compréhension des lettres, et dépassera tes frères et camarades de classe ! "

Ensuite, il donna un morceau de prosphore [= pain béni] à Barthélemy et lui dit : « prends, enfant, et mange ceci : ce prosphore t'est donné comme un signe de la grâce de Dieu, et pour la compréhension de la Sainte Écriture ».


Barthélemy trouve miraculeusement la capacité de lecture et autres apprentissages

Alors que le Stariets voulait sortir, Barthélemy tomba à ses pieds et lui demanda de visiter la maison de ses parents. Il ajouta : « Mes parents aiment fort les personnes semblables à toi, Père ». L'Ancien, en souriant, se rendit à la maison des parents de l'enfant qui le reçurent avec grande considération.

Les parents ont reçu le vieux moines avec les honneurs et ils le prièrent de partager leur repas.

L'Ancien a dit qu'il faut d'abord goûter le nourriture spirituelle et entra dans la chapelle familiale.

Prenant l'enfant avec lui, le vieux Moine lui ordonna de lire le Psautier.

Cependant, Barthélemy troublé, répondit qu'il ne pouvait pas lire. Le Staretz réitéra l'ordre et l'enfant ayant pris sa bénédiction, commença à lire le Psautier correctement et distinctement, à l'étonnement général.

A table, les parents racontèrent au moine ce qui s'était produit à l'église quand l'enfant était encore dans le sein de sa mère.

Le Stariets avant de se séparer d'eux, dit ces paroles énigmatiques : « Cet enfant deviendra la demeure de la Sainte Trinité et amènera une multitude à la compréhension de Sa Volonté ».

A partir de ce moment, par la grâce de Dieu, Barthélemy a reçu la mémoire et la compréhension et sans peine pouvait lire et comprendre le contenu des livres.


Les épreuves et les exploits, liés à l'engagement spirituel

Après ce miracle, avec le zèle particulier Barthélemy restait concentré dans la prière, ne laissant pas passer aucun office à l’Église. Jeune Barthélemy a formé dans son cœur le désir de servir uniquement à Dieu. Avec la fréquentation de l’église Barthélemy commença à lire la Sainte Écriture. Après un temps et alors âgé de douze ans, il se mit à observer une stricte tempérance, s'abstenant de toute nourriture le mercredi et le vendredi et se contentant, les autres jours, de pain sec et d'eau.

Barthélemy fut modeste, humble et silencieux ; avec les gens il se comporta d'une manière douce et bienveillante, ne s'irritait jamais et montrait une parfaite obéissance à ses parents.Il voulait devenir anachorète selon l'exemple de moines des premiers siècles, mais l'amour vers ses parents le retenait dans la famille.


La mort des parents, et le début de la vie monastique

Approximativement, vers l'an 1328, en raison de malheurs qui le frappèrent à Rostov, les parents de Barthélemy, Cyrille et Marie, ont déménagé dans un village de Radoniege (pas loin de Moscou) avec ses enfants. Barthélemy y poursuivit son ascèse.

Alors que deux frères innées de Barthélemy se sont mariés, il demanda à ses parents la permission de s'engager dans la vie monastique. Ceux-ci le prièrent d'ajourner son désir jusqu'à leur endormissement. Peu près, ils entrèrent eux-mêmes au monastère de la Protection de la Vierge Marie (dans le village de Khotkov, à côté de Radoniege) et furent bientôt rappelés à Dieu.

Pendant quarante jours, Barthélemy pria sur leur tombe, nourrit les pauvres et fit servir des Pannychides (office pour les défunts).

Ensuite, Stéphane (son frère aîné) qui est devenu veuf, effectua sa profession monastique au monastère de Khotkov où ses parents avaient été ensevelis.

Barthélemy fit don de ses biens à son frère cadet Pierre et décida d'accomplir son désir de devenir moine. Barthélemy qui souhaitait une profonde solitude, convainquit Stéphane de rechercher un endroit qui conviendrait mieux à la vie ascétique : ils sont parti dans un endroit désert, dans une forêt primaire, près de la rivière Kontchoura, à 12 kilomètres de Radoniege.

Les frères ont coupé les arbres de ses propres mains, et ensuite, ils bâtirent une cellule avec une petite église.

Le frère cadet obéissant à l'aîné, demanda en quel nom serait construite l'église. Se rappelant les paroles du Stariets, Barthélemy suggéra qu'il convenait de dédicacer l'église à la Sainte Trinité. En fait, les deux frères avaient eu la même pensée.

L'église fut consacrée par un prêtre avec la bénédiction de Métropolite Théognoste.

Ce fut le début de la célèbre Laure de la Sainte-Trinité-Saint-Serge.

Mais bientôt Stéphane n'a pas pu supporter les difficultés de la vie dans un endroit retiré, et il laissa son frère et partit au Monastère de la Théophanie à Moscou. Dans ce monastère, Stéphane a fait connaissance avec le moine Alexis, futur Métropolite de Moscou (canonisé par l’Église et fêté le 12 février du calendrier ecclésiastique = 25 février du calendrier civil).

Le reste de la vie de Stéphane – il est devenu higoumène de ce même monastère et le père spirituel du Grand-Prince de Moscou.


Tonsure monastique, la mort pour le monde et la vie solitaire

Quant à Barthélemy, le 7 octobre 1337, il reçut la tonsure monastique d'higoumène Métrophane avec le prénom de Serge (en mémoire du martyre Serge, fêté le 7 octobre). Il avait alors vingt-quatre ans.

Pendant à peu près de 2 ans, Serge vivait sa vie monastique seul dans une forêt. Les loups hurlaient près de sa cellule. Les ours aussi s'approchaient du lieu où vivait Serge. Mais aucun animal sauvage ne lui ai causé des dommages.

Un jour, le futur saint Serge s'aperçut qu'un ours n'était pas tant féroce qu'affamé et il commença à éprouver de la pitié pour cet animal puis lui donna de la nourriture. Cet ours s'éprit du Père et vint souvent recevoir de lui sa pitance. Serge la lui donnait à chaque fois, partageait son dernier morceau de pain avec cet animal et allait même jusqu'à se priver de nourriture pour lui.

Parallèlement, saint Serge a supporté les tentations venant des esprits immondes : généralement, les tentations d'intimidation et de la peur. Il est impossible pour les gens qui vivent dans le monde de représenter mentalement la force et l’intensité de ces tentations. Mais avec ses propres efforts de patience et prière, et avec l'aide de Dieu, Serge devenait de plus en plus fort spirituellement.


Saint Serge commence à être connu aux autres moines en quête de sainteté

Serge resta seul, par modestie et humilité il voulait cacher ses exploits ascétique. Mais son courge et sa détermination sont devenus connus et des zélateurs de la piété commencent à lui demander de vivre sous sa direction spirituelle. Peu à peu, douze frères se rassemblèrent et chacun d'entre eux vivait dans sa propre cellule (petite maison individuel en bois).

Saint Serge travaillait au même niveau que les frères : de ces mains il a construit quelques cellules, portait de l'eau, coupé du bois, cuisait le pain, confectionnait les vêtements, préparait la nourriture pour les frères, et humblement participait aux autres travaux. Ce travail lourd saint Serge accompagnait par la prière, les veilles, et le carême. Les frères s’entonnaient qu'avec ce mode de vie dur et pénible, la santé de leurs maître spirituel ne s'est pas dégradée, mais bien au contraire s'est renforcée.

L'Office de minuit, les Matines, les Heures, les Vêpres et les Complies étaient quotidiennement célébrées à l'église. Pour la célébration de la Divine Liturgie, les frères appelaient un prêtre de l'extérieur car il n'y en avait pas encore parmi eux. Enfin, l'higoumène Métrophane qui avait tonsuré saint Serge vint vivre avec eux.

Mais peu après, cet Ancien s'endormit dans le Seigneur. Quant à saint Serge, il ne voulait pas, par humilité, devenir higoumène. Les frères se réunirent alors, vinrent voir saint Serge et lui dirent : "Père, nous ne pouvons vivre sans higoumène et nous souhaitons que ce soit toi qui remplisses cette fonction. Ainsi, lorsque nous viendrons te révéler nos péchés, nous recevrons des enseignements et l'absolution. Il convient également que la Liturgie soit célébrée et que nous recevions les Saints Mystères de tes pures mains."

Cependant saint Serge refusa et quelques jours après, la communauté se réunit de nouveau chez saint Serge en le priant d'accepter la charge d'higoumène. "Il ne m'appartient pas d'accomplir le Ministère Angélique : il m'appartient de pleurer mes péchés," répondit-il. Les frères pleurèrent et dirent enfin : "Si tu ne veux pas prendre soin de nos âmes, nous serons contraints de quitter ce lieu, nous errerons alors comme des brebis égarées et tu devras en répondre devant Dieu." "Je préfère me soumettre que de commander, dit Saint Serge mais craignant le Jugement de Dieu, je laisse ce problème à la Volonté du Seigneur." Prenant avec lui deux des moines les plus âgés, il se rendit à Pereïaslavl chez Athanase l'évêque de Volynie auquel Saint Alexis alors à Constantinople, avait remis les affaires du diocèse métropolitain.

En 1354 (ce même année saint Alexis est devenu le Métropolite de Moscou), saint Serge fut ordonné prêtre et élevé au rang d'higoumène par l'évêque Athanase. Il célébrait quotidiennement la Sainte Liturgie et arrivait le premier à l'église pour chaque Office. Il fabriquait lui-même les cierges et les prosphores, ne permettant jamais à quiconque de participer à cette dernière tâche. Pendant trois ans, le nombre des moines resta identique, le premier qui fit augmenter ce nombre fut l'Archimandrite Simon de Smolensk qui préférait obéir à Saint Serge plutôt que commander ailleurs.

La vie et les efforts ascétiques de saint Serge ont une grande influence sur le monachisme russe, car le premier, il a montré l'exemple de la vie monacale en dehors des villes, dans un endroit parfaitement désert, en y installant un monastère avec plusieurs moines.

Le soir après les Complies et sauf en cas de besoin urgent, nul n'avait l'autorisation de se rendre dans la cellule d'un autre moine. Car les heures de la nuit devaient être réservées à Dieu seul. Le reste du temps, ils restaient dans le silence à alterner la prière et le travail manuel. A la fin de la prière que les frères devaient accomplir dans leur cellule, Saint Serge faisait secrètement le tour de celles-ci. S'il entendait de vaines conversations ou des rires, il frappait à la fenêtre pour les faire cesser et s'en allait tout triste. Le matin, il réunissait les fautifs et "de loin," à l'aide de paraboles et sur un ton humble et doux, il les instruisait. Il n'employait une sévérité toute mesurée que pour ceux qui refusaient de faire pénitence et persistaient dans leurs fautes. Il aimait tant la pauvreté qu'il institua comme règle stricte de ne jamais faire de quête au profit du monastère quels que soient ses besoins.

Avec l'agrandissement de la communauté, les besoins matériels ont grandi aussi.

Le dépouillement était extrême dans la communauté : les vêtements liturgiques furent d'un tissu très simple et très rustre, les vases pour l'Office Divin furent en bois, les livres étaient faits en écorce de bouleau, on s'éclairait avec des tisons pour les offices, mais les moines ont été enflammé par le zèle.

En raison de l'absence nourriture, certains frères commencèrent à manifester leur mécontentement : "Nous mourons de faim," dirent les faibles, "et tu ne permets pas de demander l'aumône. Demain, nous partirons d'ici, chacun de son côté et nous ne reviendrons plus!" Saint Serge les persuada alors de ne pas affaiblir leur espoir en Dieu. "Je crois, dit-il que Dieu ne délaissera pas les habitants de ce lieu." A ce moment, on entendit quelqu'un frapper à la porte. Le portier vit que l'on avait apporté beaucoup de pains. Il accourut tout joyeux et dit à l'higoumène : "Père, on nous a apporté beaucoup de pains. Donne-nous ta bénédiction afin que nous les prenions!" Saint Serge ordonna de laisser entrer les bienfaiteurs et convia tous les frères à table, ayant au préalable célébré un Office d'Actions de Grâces. "Où sont ceux qui nous ont apporté ces dons?", demanda-t-il. "Nous les avons invités à table et leur avons demandé qui les avait envoyés," répondit le moine, "et ils nous dirent que c'était quelqu'un qui aime le Christ qui les avait envoyés mais que, ayant une autre tâche à accomplir, ils devaient partir."

Saint Serge montrait l'exemple de grande abstinence, profonde humilité, espoir inébranlable en l'aide de Dieu. Dans les travaux et les exploits ascétiques, il allait en avant, et les autres frères du monastère le suivaient.

Un jour, le monastère se trouva réduit à une si extrême misère qu'on ne pouvait plus y trouver ni pain ni eau. Après avoir passé trois jours sans nourriture, Saint Serge se rendit chez le frère Daniel et lui dit : "J'ai entendu que tu voudrais construire une entrée devant ta cellule. Je te la construirai afin que mes mains ne restent pas oisives. Cela ne te coûtera pas cher, je veux du pain avarié et tu en as." Daniel lui apporta donc des morceaux de pain moisis qu'il avait chez lui. "Garde-les, lui dit saint Serge, jusqu'à la Neuvième Heure. Je ne prends pas de salaire avant d'avoir travaillé." Ayant achevé son travail, saint Serge pria, bénit le pain, en mangea puis but de l'eau, ce qui constitua son repas.

Une autre fois, saint Serge, tard dans la soirée, priait pour les frères de son monastère. Soudain, il entendit une voix lui dire : "Serge !" Ayant terminé une prière, il ouvrit la fenêtre et aperçut une lumière inhabituelle qui descendait du Ciel et la voix continua : "Serge ! Le Seigneur a entendu la prière pour tes enfants. Vois quelle multitude s'est rassemblée autour de toi au nom de la Sainte Trinité." Alors, saint Serge vit une multitude d'oiseaux merveilleux, volant non seulement dans le monastère mais également tout autour. "Ainsi poursuivit la voix, se multipliera le nombre de tes disciples et il ne te manquera point de successeurs pour marcher sur tes traces."

Quelques années après la fondation, autour du monastère commencent à s'installer les paysans. Les voyageurs entre Moscou et les régions du nord de la Russie ont commencer à faire un détours dans le monastère pour prier Dieu et recevoir la bénédiction.

Suite à l’afflux des pèlerins les moines n'ont plus connus le manque des ressources matériels. A l'instar de Laure de Kiev-des-Grottes, le monastère guidé par saint Serge a commencé de donner l’aumône aux nécessiteux, soutenir les voyageurs, soigner les malades.

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