CONTROVERSE ENTRE UN MAHOMÉTAN ET UN CHRÉTIEN

#Degré 2 , #Jean

Saint Jean Damascène (v. 675 – 749) a vécu à une époque charnière où le christianisme faisait face à des défis théologiques internes et à l'émergence de l'islam.

Ses écrits apologétiques sont fondamentaux car ils synthétisent la pensée grecque patristique pour défendre la foi orthodoxe.

Voici les principaux piliers de son œuvre apologétique :

La défense des images (Les Discours contre les Iconoclastes)

C'est sans doute sa contribution la plus célèbre. Durant la crise de l'iconoclasme byzantin, Jean écrit trois traités intitulés Discours contre ceux qui rejettent les images saintes.

  • L'argument de l'Incarnation : Pour Jean, refuser de représenter le Christ, c'est nier qu'il s'est réellement fait homme. Puisque Dieu est devenu visible en Jésus, on peut désormais Le représenter.
  • Vénération vs Adoration : Il établit une distinction cruciale entre la latrie (l'adoration réservée à Dieu seul) et la proscynèse (la vénération relative que l'on doit aux icônes, aux saints et aux reliques).

Le dialogue avec l'islam

Vivant sous le califat omeyyade à Damas (où il fut haut fonctionnaire avant de devenir moine), Jean est l'un des premiers auteurs chrétiens à traiter de l'islam.

  • L'hérésie des Ismaélites : Dans son œuvre majeure, La Source de la connaissance, il consacre un chapitre à l'Islam, qu'il considère non pas comme une nouvelle religion, mais comme une hérésie chrétienne déviante.
  • Arguments polémiques : Il critique notamment les conceptions du mariage et la compréhension du Christ (Issa) dans le Coran, tout en défendant la doctrine de la Trinité face aux accusations de polythéisme.


Saint Jean Damascène ne cherche pas à être original, mais à transmettre fidèlement la tradition. Il compile et organise la pensée des Pères qui l'ont précédé (comme saint Basile le Grand ou saint Grégoire le Théologien).

Vivant en dehors de l'Empire Romain d'Orient, il pouvait critiquer Léon III (empereur iconoclaste) sans crainte de représailles directes, ce qui a donné à ses écrits un poids politique et religieux immense.

« Je ne change pas les bornes qu'ont posées nos pères, mais je garde les traditions telles que je les ai reçues. »
— saint Jean Damascène

Ci-après, vous trouverez un des textes apologétique de saint Jean :


1.

Le chrétien est interrogé par le mahométan : Qui, selon toi, est l'auteur du de l'homme bien et du mal ?

Le chrétien : Nous disons que Dieu seul est l'auteur de tous les biens, mais Il ne l’est pas du mal.

En réponse, le mahométan dit : Qui est, selon toi, l'auteur du mal ?

Le chrétien : Évidemment, celui qui le fait de plein gré - le diable ; ainsi que nous les hommes.

Le mahométan : A cause de quoi ?

Le chrétien : En vertu du libre arbitre.

Le mahométan : Quoi donc ? Tu possèdes le libre arbitre, et il t'est possible de faire ce que tu veux et tu le fais ?

Le chrétien : Dieu m'a créé libre dans deux domaines seulement.

Le mahométan : Quels sont-ils ?

Le chrétien : Faire le mal et faire le bien, ce qui est bon et ce qui est mauvais. En conséquence, si je fais le mal, la loi de Dieu me punit, mais si je fais le bien, je ne crains pas la loi. Au contraire, je suis récompensé par Dieu et j'obtiens Sa miséricorde. De la même manière, avant l'homme, le diable avait été créé libre par Dieu, et il a péché, et Dieu l'a chassé de sa condition propre.

Mais, peut-être m'objecteras-tu : « Qu'appelles-tu choses bonnes et choses mauvaises ? Voici le soleil, la lune et les étoiles qui sont des choses bonnes. Fabrique l'une d'entre elles ».

Ce n'est pas dans ce sens que je t'ai parlé auparavant ; je fais le bien et le mal qui sont du pouvoir de l'homme. Par exemple, le bien c'est la louange de Dieu, la prière, la charité et ce qui y ressemble; et le mal c'est la fornication, le vol, et toute action semblable. Si, comme tu le prétends, le bien et le mal viennent de Dieu, Dieu apparaît injuste. Ce qu'il n'est pas. En effet, si c'est Dieu qui avait prescrit au fornicateur de forniquer, au voleur de voler, et à l'assassin d'assassiner, comme tu le prétends, ces hommes mériteraient une récompense pour leur obéissance à Sa volonté. Cela prouve que tes législateurs sont des menteurs et que tes livres sont mensongers, car ils prescrivent d'écorcher le fornicateur et le voleur, qui n’ont fait qu'obéir à la volonté de Dieu, et de tuer l'assassin qu’il faudrait honorer, puisqu'il a accompli la volonté de Dieu.

Le mahométan : Qui, dit-il, façonne les enfants au sein des femmes ?

(Les mahométans nous présentent cette objection très difficile parce qu'ils veulent prouver que Dieu est l’auteur du mal. Si je réponds en disant que Dieu façonne l’enfant dans le sein des femmes, le musulman dira : Voici que Dieu coopère avec le fornicateur et l’adultère !)

Le chrétien répond à cela : En aucune manière nous ne trouvons affirmé par l'Écriture que Dieu façonne ou crée quoi que ce soit après la première semaine de la création du monde. Si tu le contestes, montre-moi une créature ou un ouvrage quelconque créé par Dieu après la première semaine. Mais tu ne le peux en aucune manière, car tous les êtres visibles ont été créés pendant la première semaine. Ainsi Dieu a façonné l'homme lors de cette première semaine, et il lui a prescrit d'engendrer et d’être engendré, quand Il a dit : « Croissez, multipliez-vous, et remplissez la terre ». Comme l'homme était un être vivant qui possédait une semence de vie, cette semence a germé dans sa propre femme, et c'est ainsi que l’homme engendre l'homme, comme le dit la divine Ecriture : « Adam a engendré Seth. Seth a engendré Enosh, Enosh a engendré Caïn, Caïn a engendré Mahalaléel, Mahalaléel a engendré Yéred, et Yéred a engendré Enoch ». Mais elle ne dit pas que Dieu a façonné Seth, Enosh ou quelqu’un d'autre. Et par là nous savons qu'Adam fut absolument le seul à avoir été façonné par Dieu, tandis que ses descendants ont été engendrés, puis ont engendré, jusqu’au temps présent. Et ainsi, par la grâce de Dieu, le monde est conservé, puisque depuis ce temps, en vertu de ce qu'a prescrit Dieu, toute plante et toute herbe produit et est reproduite. Car Dieu a dit : « Que la terre fasse pousser l'herbe de la pâture ! ». Et sur son ordre tous les arbres ont poussé, et toutes les espèces de plantes et d'herbes ont en elles le pouvoir de se reproduire. La semence de toute plante et de toute herbe est vivante. Si elle tombe d'elle-même en terre, ou si elle y est semée, elle repousse. Elle n'est pas façonnée par quelqu'un, mais obéit à l'ordre initial de Dieu. Et voici que moi – possédant, ainsi que je l'ai dit auparavant, mon libre arbitre dans le domaine précédemment énoncé et lui seul –, si je dépose ma semence soit dans ma propre femme soit dans une autre femme en usant de ma liberté, cette semence croît et germe en obéissant à l'ordre initial de Dieu, et non parce qu'il façonne et travaille chaque jour, et maintenant encore : « Car c'est durant la première semaine que Dieu a fait le ciel, la terre et tout l'univers, en six jours, et le septième, Il s'est reposé de tous les travaux qu'Il avait entrepris de faire ». Comme me l'atteste l’Écriture.

Le mahométan : Et comment se fait-il que Dieu dise à Jérémie : « Avant le fils de t'avoir formé dans le sein, Je te connais, et dès la matrice, Je t'ai sanctifié ? »

Le chrétien : Depuis Adam, et par la suite, Dieu a façonné dans le sein de tout homme le pouvoir de transmettre la vie et d'engendrer. En effet, Adam, qui avait Seth dans son sein l'a engendré, et le fils a engendré et engendre jusqu'à nos jours. Pour cette parole : « Dès la matrice je t'ai sanctifié », représente-toi celle qui, en réalité, fait naître les enfants de Dieu, selon le témoignage du saint Évangile : « Car à tous ceux qui l'ont reçu, dit-il, il a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu, à ceux qui croient en son nom, qui ne sont nés ni du sang, ni de la volonté de l'homme, ni de la volonté de la chair, mais de Dieu » – par le baptême.


2.

Le mahométan : Le baptême existait donc avant le Christ ? Jérémie, en effet, est né avant le Christ.

Le chrétien : Il existait, selon le témoignage du saint apôtre qui affirme que les uns ont été baptisés dans la nuée, d'autres dans la mer. Et le Seigneur dit dans les Évangiles : « Celui qui n'est pas né de l'eau et de l’Esprit n'entrera pas dans le royaume des cieux ». Donc Abraham, Isaac, Jacob, et tous les autres saints qui ont précédé le Christ et qui sont entrés dans le royaume des cieux ont été baptisés auparavant, puisque, selon le témoignage du Christ, s'ils n'avaient pas été baptisés, ils n'auraient pas été sauvés. L’Esprit saint en témoigne quand il dit : « Les impies se sont dévoyés dès la matrice », c'est-à-dire la matrice du baptême. C'est pourquoi nous proclamons que tous ceux qui ont été sauvés, ou qui le sont, c'est par le baptême qu'ils ont été sauvés ou qu'ils sont sauvés, par la grâce de Dieu.


3.

Le mahométan : A ton avis, celui qui fait la volonté de son Dieu, diras-tu qu’il est bon ou qu'il est mauvais ?

Mais connaissant sa ruse, le chrétien dit : Je sais où tu veux en venir.

Le mahométan : Explique-le moi !

Le chrétien : Tu veux me dire : Le Christ a-t-il souffert volontairement ou non ? Et si je te dis : Il a souffert volontairement, tu me diras : Alors va te prosterner devant les juifs, car ils ont accompli la volonté de ton Dieu.

Le mahométan : C'est, dit-il, ce que je voulais te dire. Si tu peux me répondre, fais-le !

Le chrétien : Ce que tu appelles volonté je l’appelle moi, pour ma part, tolérance et longanimité.

Le mahométan : Comment peux-tu le démontrer ?

Le chrétien : A partir des faits. Ainsi, quand toi et moi sommes assis ou debout, l'un de nous peut-il se lever ou bouger sans la volonté et l'autorité de Dieu ?

Le mahométan : Non.

Le chrétien : Quand Dieu dit : « Tu ne voleras pas, tu ne commettras pas d'adultère, tu ne tueras pas », veut-Il nous voir voler, commettre l'adultère et tuer ?

Le mahométan : Non, car s'il voulait, Il n'aurait pas dit : Ne vole pas, ne commets pas l'adultère, ne tue pas !

Le chrétien : Gloire à Dieu ! parce que tu es d’accord avec moi en disant ce que je veux dire. Voici que tu m’as accordé qu’aucun de nous ne peut se lever ni bouger tant que Dieu ne le veut pas, et que, d’autre part, Dieu nous interdit de voler ou de commettre l’adultère. Si je me lève à l'instant et que je pars voler ou commettre l’adultère, comment appelles-tu cela : volonté de Dieu ou bien consentement, tolérance et longanimité ?


4.

Le mahométan ayant compris et étant admiratif dit : Vraiment, il en est ainsi.

Le Chrétien : Comprends également ceci : Alors que Dieu pouvait sévir, Il s’est abstenu pour l'instant, c’est-à-dire qu'Il a eu de la longanimité à l'égard du péché. Mais quand Il veut , si je ne me repens pas, il me punit ; et c’est ainsi qu'Il a agi avec les juifs. En effet, quelques années après, Il a excité contre eux Titus, Vespasien et les Grecs et il a abaissé leur orgueil.


5.

Si le mahométan te demande : Selon toi, qui est le Christ ? 

Dis-lui : Le Verbe de Dieu sans crainte de te tromper, car l’Ecriture l'appelle Verbe, ainsi que Sagesse, Bras, Force de Dieu, et de nombreux autres noms semblables. Il possède en effet beaucoup de noms. 

Et interroge-le à ton tour et demande-lui : Comment le Christ est-il appelé dans ton Écriture ? Si, en guise d'échappatoire, il veut te questionner sur un autre sujet, ne lui répond pas avant qu'il ait répondu à ta question. 

Il sera ainsi absolument contraint de te répondre : Dans mon Écriture, le Christ est appelé Esprit et Verbe de Dieu. 

Alors, dis-lui de nouveau : L'Esprit de Dieu et le Verbe, selon ton Écriture sont-ils dits incréés ou créés ? 

S'il te dit qu'ils sont incréés, dis-lui : Voici que tu es d'accord avec moi, car ce qui n'est pas créé par quelqu'un, mais ce qui crée, est Dieu. 

Mais, s'il ose dire sans réserve qu'ils sont créés, dis-lui : Qui donc a créé l'Esprit et le Verbe de Dieu ? 

Et si, embarrassé, il dit que c’est Dieu qui les a créés, dis-lui : Il y a peu tu disais qu’ils étaient incréés, et maintenant tu dis que Dieu les a créés ! Eh bien, si je t'avais dit la même chose, tu m'aurais dit : Tu as détruit ton témoignage, et quoi que tu dises désormais, je ne te crois plus. Malgré tout, je te demande encore ceci : Avant d'avoir créé l'Esprit et le Verbe, Dieu était-il sans Esprit et sans Verbe ? 

Et il te fuira, n’ayant rien à te répondre. En effet, ceux qui disent semblable chose sont considérés comme hérétiques, selon les mahométans, et ils sont rejetés et détestés. Et si tu veux le dénoncer aux autres mahométans, il aura très peur de toi.


6.

Lorsque le mahométan te demande : Les paroles de Dieu sont-elles créées ou incréées ? 

(Les mahométans nous posent cette question très difficile afin de prouver que le Verbe de Dieu est créé, ce qui est faux. 
– Si tu dis créées, il te dit : Te voilà qui affirmes que le Verbe de Dieu est créé.
– Mais, si tu dis incréées, il dit : Toutes les paroles de Dieu qui existent sont incréées, cependant elles ne sont pas des dieux. Te voici d'accord avec moi, que le Christ, qui est Verbe de Dieu, n'est pas Dieu.)

C’est pourquoi tu ne répondras ni "créées", ni "incréées", mais tu lui répondras ceci : Je confesse qu'il y a en Dieu un seul Verbe, « énypostasié » et qui est incréé, ainsi que tu l’as confessé toi-même. Or, je n'appelle pas mon Écriture, dans sa totalité, paroles de Dieu, mais communications divines. 

Si le mahométan te dit : Comment se fait-il que David dise : « Les paroles du Seigneur sont des paroles saintes », et non « Les communications du Seigneur sont saintes » ?

Dis-lui que le prophète a parlé au sens figuré et non au sens propre.

S'il te dit : Qu'entends-tu par sens figuré et sens propre ? 

Dis-lui : Le sens propre est la signification permanente d’une chose ; le sens figuré est une signification occasionnelle. 

Si le mahométan te dit : Se peut-il que le prophète utilise une signification occasionnelle ?

Dis-lui : Les prophètes ont l'habitude de personnifier les êtres inanimés, ils leur attribuent des yeux et des bouches; comme : « La mer a vu et a fui ». En vérité, la mer n'a pas d'yeux, car elle est inanimée. Le prophète l'interpelle de nouveau comme un être animé : « Qu'as-tu, mer, à t’enfuir ? » Et, la suite. De même : « Mon épée se repaît de chair », dit l'Ecriture. Or, se repaître s'applique à une bouche qui mange et qui boit, et si un glaive peut trancher, il ne peut boire. Et ainsi, au sens figuré, il a appelé les communications (de Dieu) paroles, bien qu'elles ne soient pas exactement des paroles mais des communications.


7.

Si le mahométan te dit : Comment Dieu est-il descendu dans le sein d’une femme ?

Dis-lui : Utilisons ton Écriture et la mienne ! Ton Écriture dit que Dieu a purifié la Vierge Marie au-dessus de toute chair féminine, et que l'Esprit de Dieu et le Verbe sont descendus en elle ; et mon évangile dit : « L’Esprit Saint descendra sur toi et la puissance du Très-Haut te couvrira d’ombre ». Ainsi les deux ont même vocabulaire et même intention, mais sache que, c'est en considération de notre nature propre que l'Écriture parle de montée et de descente de Dieu, au sens figuré et non au sens propre. Car, au sens propre, montée et descente sont utilisées en référence au corps, selon les philosophes, alors que Dieu contient tout et n'est contenu dans aucun lieu. L'un des prophètes a dit en effet : « Qui a mesuré l'eau de la mer avec sa main, le ciel avec un empan, et toute les terres dans sa paume ? ». En un mot, toutes les eaux sont dans la main de Dieu, tout le ciel dans un empan, et toute la terre dans Sa paume. Comment Celui qui contient toutes les choses dans Sa propre main peut-il descendre ou monter ?


8.

Si le mahométan te demande : Si le Christ était Dieu, comment mangeait-il, buvait-il, dormait-il, et tout le reste ? 

Dis-lui : Le Verbe éternel de Dieu, qui a créé toutes choses, selon le témoignage de mon Écriture comme de la tienne, a créé de la chair de la sainte Vierge Marie un homme parfait, possédant une âme et une intelligence. C'est cet homme qui a mangé, bu et dormi. En revanche, le Verbe de Dieu n'a pas mangé, ni bu, ni dormi. Il n'a pas été crucifié et il n'est pas mort. Mais c'est sa sainte chair, qu’il a reçue de la Sainte Vierge qui a été crucifiée. Et sache que le Christ est dit avoir deux natures mais une seule personne. Unique, en effet, est le Verbe Éternel de Dieu, même après avoir pris chair, en tant que personne et non en tant que nature. Car une quatrième personne n'a pas été adjointe à la Trinité après l'union ineffable (du Verbe) avec la chair.


9.

Si le mahométan te demande : Celle que vous appelez Mère de Dieu, est-elle morte ou vivante ?

Dis-lui : Elle n’est pas morte, ayant foi dans ce que prouve l'Écriture. L'Ecriture dit en effet à ce sujet (cette citation est extraite d’un sermon sur la Dormition de saint André de Crète) : «La mort naturelle des hommes vint sur elle, mais pas en contraignant ou en asservissant, comme pour nous» – tant s'en faut ! – mais comme lorsqu'on dit : Un sommeil profond s'empara du premier homme, et la côte lui fut ôtée.


10.

Si le mahométan te dit : " Voici que j'ai reçu un coup en un endroit quelconque du corps, et, après avoir été frappé, le corps a formé une plaie, et dans la plaie un ver est né. Qui l'a façonné ? "

Dis-lui, comme nous l'avons déjà fait, qu'une fois passée la première semaine de la création du monde, nous ne trouvons rien qui ait été façonné par Dieu ou qui le soit ; mais c'est sur l'ordre de Dieu, comme il l’a prescrit la première semaine, que vient au jour ce qui y vient. Après la désobéissance, en effet, la terre a été condamnée à faire pousser épines et chardons. Et jusqu'à maintenant, sans même être ensemencée, elle fait pousser épines et chardons. Autrefois notre chair aussi a été damnée, et jusqu'à nos jours elle fera apparaître poux et vers.


11.

Le mahométan interroge encore le chrétien : Qui est, selon toi, le plus plus grand, celui qui sanctifie ou celui qui est sanctifié ?

Connaissant l'hostilité de sa question, le chrétien dit : Je sais ce que tu veux dire.

Le mahométan : Eh bien ! Si tu le sais, annonce-moi !

Le chrétien dit : Si je te dis que celui qui sanctifie est plus grand que celui qui est sanctifié, tu me diras : Vas-y, adore Jean-Baptiste, puisqu'il a baptisé et sanctifié ton Christ !

Le mahométan : C'est, dit-il, ce que j'allais te dire.

Sous forme d'énigme, le chrétien dit au mahométan : Quand tu vas au bain accompagné de ton esclave et qu'il te lave et te purifie, qui est le plus grand à ton avis : cet esclave misérable acheté avec l'argent ou toi qui a été purifié par lui et qui es son maître ?

Je dis que moi, l'acheteur, je suis plus grand que celui que j'ai acheté, dit le mahométan au chrétien. 

Le chrétien répondit : Je rends grâce à Dieu ! Sache de même que, pour moi, Jean était aussi un esclave et un serviteur qui assistait le Christ dans le Jourdain, où mon Sauveur a été baptisé et a fracassé la tête des mauvais démons qui y avaient leur gîte.

Le mahométan, fort surpris et déconcerté, n'ayant plus rien à répliquer au chrétien, se retira à court d'objections.