Saint Macaire le Grand

#Degré 3

Macaire de Scété, ou Macaire le Grand est un moine égyptien du IVe siècle et « Père du désert ». 

On l'appelle aussi « l'Égyptien » pour le distinguer de son homonyme et contemporain Macaire d’Alexandrie. 

De nombreux apophtegmes rapportent ses paroles ou ses actions. 

Originaire de la Haute-Égypte où il est né au tout début du IVe siècle, boulanger de formation, il devint vers l’âge de 30 ans membre d’une colonie monastique qui peuplait le désert de Scété à l’ouest du delta du Nil à l'endroit appelé depuis Deir Abu Makar.

Disciple de saint Antoine le Grand, remarqué pour sa sainteté précoce, on lui avait attribué le surnom de « jeune vieillard ».

Il est considéré comme l'un des pères du monachisme.



Homélie 33; PG 34, 741-743 (trad., coll. Icthus, vol. 11, p. 155)

« Sa maison, c’est nous » (Hébreux 3:6)

Le Seigneur se pose dans une âme fervente, Il en fait son trône de gloire, Il s’y assied et y demeure… Cette maison qu’habite son maître est toute grâce, ordre et beauté, comme l’âme avec qui et en qui le Seigneur demeure n’est qu’ordre et beauté. Elle possède le Seigneur et tous Ses trésors spirituels. Il en est l’habitant, Il en est le chef.

Mais qu’elle est affreuse la maison dont le maître est absent, dont le Seigneur est au loin ! Elle se délabre, tombe en ruines, s’emplit de souillures et de désordre. Elle devient, selon le mot d’un prophète, un repaire de serpents et de démons (Is 34,14).

La maison abandonnée s’emplit de chats, de chiens, d’ordures. Et qu’elle est malheureuse l’âme qui ne peut se relever de sa chute funeste, qui se laisse entraîner et en vient à haïr son époux et à arracher ses pensées de Jésus-Christ !

Mais quand le Seigneur la voit se recueillir et chercher nuit et jour son Seigneur, crier vers Lui ainsi qu’Il l’y invite : «Priez sans cesse», alors «Dieu lui fera justice» (Luc 18/1.7) — Il l’a promis — et Il la purifiera de toute méchanceté. Il s’en fera «une épouse sans tache ni ride» (Ep 5/27). Crois en Sa promesse ; elle est vérité.

Regarde si ton âme a trouvé la lumière qui éclairera ses pas et la nourriture et la boisson véritables que sont le Seigneur. Te manquent-elles encore ? Cherche nuit et jour, tu les trouveras.

Il ne faut pour prier ni gestes, ni cris, ni silence, ni agenouillements. Notre prière, à la fois sage et fervente, doit être attente de Dieu, jusqu’à ce que Dieu vienne et visite notre âme par toutes ses voies d’accès, tous ses sentiers, tous ses sens. Trêve de nos silences, de nos gémissements et de nos sanglots : ne cherchons dans la prière que l’étreinte de Dieu.

Dans le travail, n’employons-nous pas tout notre corps à l’effort ? Tous nos membres n’y collaborent-ils pas ? 

Que notre âme elle aussi se consacre tout entière à sa prière et à l’amour du Seigneur; qu’elle ne se laisse pas distraire ni tirailler par ses pensées ; qu’elle se fasse pleine attente du Christ. Alors le Christ l’illuminera, il lui enseignera la prière véritable, il lui donnera la supplique pure et spirituelle qui est selon Dieu, l’adoration « en esprit et en vérité » (Jean 4:24).

Celui qui exerce un commerce ne cherche pas simplement à réaliser un gain. Il s’efforce aussi par tous les moyens de le grossir et de l’accroître. Il entreprend de nouveaux voyages et renonce à ceux qui lui semblent sans profit ; il ne part qu’avec l’espérance d’une affaire. Comme lui, sachons conduire notre âme sur les voies les plus diverses et les plus opportunes, et nous acquerrons, ô gain suprême et véritable, ce Dieu qui nous apprend à prier dans la vérité.

Le Seigneur se pose dans une âme fervente, il en fait son trône de gloire, il s’y assied et y demeure. 



Homélies spirituelles, n° 51 (trad. Bellefontaine 1984, coll. Spi. Or. 40, p. 367)

Je vous écris, frères bien-aimés, pour que vous sachiez que depuis le jour où Adam a été créé jusqu’à la fin du monde, le Malin fera la guerre aux saints sans se donner de repos (Apocalypse 13:7) … 

Ils sont cependant peu nombreux, ceux qui se rendent comptent que le ravageur des âmes cohabite avec eux dans leur corps, tout près de l’âme. Ils sont dans la tribulation, et il n’y a personne sur terre pour les réconforter. C’est pourquoi, ils regardent vers le ciel et y placent leur attente, afin d’en recevoir quelque chose au-dedans d’eux-mêmes. Et par cette force, et grâce à cette armure de l’Esprit (Éphésiens 6:13), ils vaincront.

C’est du ciel, en effet, qu’ils reçoivent une force, qui demeure cachée aux yeux de la chair. Tant qu’ils chercheront Dieu de tout leur coeur, la force de Dieu vient secrètement à leur aide à tout moment… C’est précisément parce qu’ils touchent du doigt leur faiblesse, parce qu’ils sont incapables de vaincre, qu’ils sollicitent ardemment l’armure de Dieu, et ainsi revêtus de l’équipement de l’Esprit pour le combat (Éphésiens 6:13), ils deviennent victorieux…

Sachez donc, frères bien-aimés, qu’en tous ceux qui ont préparé leur âme à devenir une bonne terre pour la semence céleste, l’ennemi se hâte de semer son ivraie…

Sachez aussi que ceux qui ne cherchent pas le Seigneur de tout leur coeur ne sont pas tentés par satan de façon aussi évidente ; c’est plutôt en cachette plus par des ruses qu’il essaie de les écarter loin de Dieu.

Mais maintenant, frères, prenez courage et ne craignez rien. Ne vous laissez pas effrayer par des imaginations suscitées par l’ennemi.

Dans la prière, ne vous livrez pas à une agitation confuse, en multipliant des cris déplacés, mais accueillez la grâce du Seigneur dans la contrition et le repentir…

Prenez courage, réconfortez-vous, tenez bon, souciez-vous de vos âmes, persévérez avec zèle dans la prière… Car tous ceux qui cherchent Dieu en vérité recevront une force divine en leur âme, et en recevant cette onction céleste, tous ceux-là sentiront en eux-mêmes le goût et la douceur du monde à venir.

Que la paix du Seigneur, celle qui a été avec tous les saints pères et les a gardés de toute tentation, demeure aussi avec vous.