La science et la religion

#Degré 0 , #Livres

En essayant de donner une définition simple à la religion, j’ai trouvé cette formulation (c’est ma manière personnelle de voir) : La religion permet relier l’homme à Dieu ; comme il n’y a qu’un seul Dieu, il y a une seule vraie religion, révélée par Dieu à l’homme.

Souvent, les français (et les francophones) parlent très souvent « des religions », en mettant dans le même sac tous les enseignements spirituels, qui se proclament « religions ». La vision orthodoxe est qu’il n’y a qu’une seule vérité et une seule vraie religion. Cette seule religion est une révélation que Dieu dans Sa bienveillance a voulu donner aux hommes. Les autres « religions » sont des fabrications humaines (ou altérations de la vraie religion).

Avant de parler de la science, j’ai cherché la définition de la science. Il faut dire que la définition de la science a changé avec le temps. La science n’est pas quelque chose de gravé dans le marbre, et sa définition – également.

Parlons d’abord de l’histoire de la science et la perception de la science par la société.

Les trois saints évêques de quatrième siècle – saint Grégoire le Théologie, saint Basile le Grand, saint Jean Chrysostome – tous ont fait des études scientifiques approfondies selon les connaissances de l’époque. Le cursus classique commence par les mathématiques (arithmétique et géométrie), la logique et la rhétorique ; ensuite – les autres matières, telles que l’astronomie, la médecine, la philosophie, etc…


Le franciscain Roger Bacon (1210 - 1294) est un pionnier de la science en Europe occidentale. Pour lui, toute connaissance scientifique doit être basée sur l’expérience (la voie empirique) et vise à établir des lois mathématiques.

Le 17ème siècle, c’est l’époque de Newton et de Kepler, la grande aventure de la démarche scientifique expérimentale est lancée.

Depuis 13ème siècle jusqu’au 18ème siècle, la science s’est développé prodigieusement et certains penseurs européens ont conclu à la toute-puissance de la raison humaine. Ces courants de pensée sont nommés le positivisme et le scientisme.

Pour ces penseurs la raison humaine est capable d’atteindre le niveau ultime de la réalité. C’était une croyance, et dans cette croyance il n’y a rien de scientifique. En 1793, une cérémonie en l’honneur de la déesse Raison a été célébrée à Notre Dame de Paris. Et toutes les églises de Paris sont fermées au culte chrétien. Une tentative terroriste d’éradication du christianisme a été conduite entre 1792 et 1795.

La tentative d’éradication du christianisme s’est manifestée de différentes façons :

-         « Déprêtrisation » de prêtres et évêques ;

-         Fermeture d’églises et vente des presbytères ;

-         Introduction du calendrier républicain (un moyen de lutter contre les fêtes chrétiennes) ;

-         Nombreux changements de noms de lieux ;

-         Fonte des cloches ;

-         Culte de la Raison ;

-         Profanation des tombeaux des principaux rois de France dans la basilique Saint-Denis.

L’athéisme militant a poussé sur le terrain du scientisme.

Les églises sont ouvertes le 31 Mai 1795, et le mouvement va continuer à décroitre et aboutir au Concordat qui rétablit officiellement le culte en 1802.

Le calendrier républicain ne fut abandonné qu’en 1806.

La politique d’éradication du christianisme conduite de 1792 à 1795 par le moyen de la terreur est la forme des totalitarismes issus du fanatisme de la raison humaine, élevée au rang de déesse.

Le phénomène majeur de 19ème siècle est l’essor des applications qui résultent des connaissances scientifiques acquises sur les bases de la physique de Newton. Le 19ème siècle est le siècle du développement de la société industrielle. Du côté des intellectuels, l’éblouissement des progrès visibles (le chemin de fer, l’éclairage au gaz, l’électrification, etc…) conduit des penseurs (la pensée dominante) de l’époque à idolâtrer le maillon « science » dans la chaîne des connaissances humaines. Ainsi, la science est identifiée à la raison ; et la raison devient Raison.

Cette domination aboutira à des formes successives de philosophies athées pseudo-scientifiques, dont la première est le scientisme. Cet enseignement atteint son apogée en France dans les années 1890 et il affirmait, fortement et explicitement, que la science est la seule vraie connaissance, et qu’elle suffit à répondre à tous les besoins et interrogations de l’homme.

Parmi les promoteurs du scientisme étaient : Paul Bert (1833 - 1886), qui fut le Ministre de l’Instruction Publique et qui a écrit « La science a remplacé la croyance par la démonstration », Marcellin Berthelot (1827 - 1907), qui a écrit « Le monde est aujourd’hui sans mystère », Ernest Renan (1823 - 1892), Émile Littré (1801 - 1881), Auguste Compte (1798 - 1857).

La Terreur française (fin de 18ème siècle) servira d’exemple pratique de la politique intérieure au léninisme (et stalinisme) en URSS, bien que la base théorique fût l’enseignement de Karl Marx (1818 - 1883).

La base de cette croyance de scientisme fut anéantie par les découvertes scientifiques du début du 20ème siècle. Souvenons-nous les débats autour de l’étude de la lumière : onde ou particule ? Finalement, les deux termes sont déclarés complémentaires, faute de pouvoir décrire la nature de la lumière en des termes concrets tirés de la réalité quotidienne. Le niveau de la réalité ultime ne peut pas être exprimé en termes du langage commun, elle dépasse notre entendement. La réalité dépasse la raison sans la contredire.

Werner Heisenberg (1901 - 1976), prix Nobel de Physique en 1933, a écrit à ce propos : « J’ai toujours pensé que les conséquences philosophiques de la Physique du 20ème siècle seraient, sur le long terme, plus importantes que les conséquences techniques ».

Pour Werner Heisenberg, « la science expérimentale n’est qu’un maillon de la chaîne infinie des dialogue entre l’homme et la nature ». Par conséquent, les autres « maillons » ne doivent pas être dévalorisés en raison des succès du maillon « sciences ».

Le scientisme, idolâtrie de la raison, est définitivement déclaré hors état de nuire.

20ème siècle est un siècle des grands massacres : plus précisément la période entre 1914 (début de la première guerre mondiale) et 1991 (fin de la guerre froide entre les vainqueurs de la seconde guerre mondiale).

Ce siècle est aussi celui de progrès décisifs dans le domaine des sciences physiques. Une révolution scientifique majeure s’est déroulée au cours des trente premières années du 20ème siècle. Elle bouleverse notre vision de l’univers.

Voici les grands noms de cette révolution scientifique : Constantin Tsiolkovsky, le père et le théoricien de la cosmonautique (1857 - 1935) ; Max Planck, le fondateur de la Mécanique Quantique (1858 - 1947) ; Albert Einstein (1879 - 1955) ; Werner Heisenberg (1901 - 1976) ; Nils Bohr (1885 - 1962) ; Louis de Broglie (1892 - 1987) ; Erwin Schrödinger (1887 - 1961) ; Edwin Hubble (1889 - 1953) ; Georges Lemaître (1894 - 1966). Aucun n’était matérialiste, bien au contraire, tous sont ouverts à la spiritualité. Ils sont pleinement conscients des limites de leur domaine de compétence et ils sont ouverts aux autres maillons de la chaîne des dialogues de l’homme avec la nature. Ils tournent le dos aux prétentions scientistes. Ils savent reconnaître un désir d’infini qui les met en garde de se comporter en négateur de toute transcendance. Tous les immenses progrès technologiques qui bouleversent notre mode de vie sont issus de leurs travaux.

Compte tenu du changement de la perception de la science à travers des siècles (qui est décrit ci-dessus), je peux donner ma propre vision (définition) de la science : Dieu a donné l’homme la faculté d’intelligence pour explorer et découvrir le monde, créée par Dieu. La science s’intéresse à découvrir les lois selon lesquelles Dieu a créé et fait fonctionner le monde (observable et non-observable par l’homme). Science ne peut pas être dogmatique, car la science n’est pas une révélation de Dieu. Ce qui est scientifiquement admis aujourd’hui, peut être rejeté demain. Il existe une science empirique (vérifiable par une expérience) et une science théorique (non-vérifiable par une expérience).

L’approche scientifique de connaissance du monde peut être (en fonction de la volonté de chaque individus) complétée par l’approche spirituelle, c’est-à-dire l’acceptation de la révélation de Dieu.

Et pour finir ce chapitre, je veux donner ici cette citation de Werner Heisenberg dans laquelle il résume l’histoire de la science :

« Pour conclure, nous aimerions souligner les points suivants :

-         A leurs débuts, les sciences naturelles se distinguent par une humilité consciente : elles se prononcent sur des rapports rigoureusement limitées et leurs énoncés ne valent que le cadre de ces limites.

-         Au 19ème siècle, cette humilité disparaît dans une large mesure. Les découvertes de la physique sont considérées comme des déclarations sur la nature dans son ensemble. La physique se veut philosophie et l’on exige que toute philosophie véritable soit science naturelle.

-         A l’heure actuelle, la physique subit un changement fondamental, dont la principale caractéristique est un retour à son autolimitation première. »


P.S. : cet article est un chapitre d'un futur livre, qui sera édité par une nouvelle maison d'édition.

Si vous voulez voir la présentation, vous pouvez consulter cette page