Voici la vie d'un militaire de l'Empire Russe qui est devenu un saint de l'Eglise Orthodoxe.
Vie dans le monde
Le saint moine Barsanuphe (en phonétique russe : " Varsonofiy "), dans le monde Pavel Ivanovich Plikhankov, est né le 5 juillet 1845.
Son chemin vers le monastère était long et difficile, 46 ans se sont écoulés dans le monde — une grande partie de sa vie. Corps de cadets, service militaire, brillante carrière. La possibilité directe d'acquérir tous les biens de ce monde. Et ... il a abandonné tout.
Les collègues et les connaissances ne pouvaient pas comprendre: quel est le " défaut " d'un colonel svelte et beau, dont l'apparence entière respirait tellement une noblesse intérieure étonnante ? Il ne se marie pas, il évite les bals et les dîners, ainsi que d'autres divertissements mondains ; il allait au théâtre, mais il a abandonné. Dans le dos de Pavel Ivanovich, on disait même parfois : « il est devenu fou, et quel homme était ! ».
En réalité, les événements de la carrière militaire n'étaient que des jalons sur le chemin de Pavel Ivanovich : l'abandon des choses d'ici-bas et à l'ascension vers l'au-delà.
D'une manière inattendue, ses pieds l'ont conduit dans un petit monastère pauvre dédié à Saint Jean Baptiste. Là, il aimait prier aux reliques de Saint Varsonofiy, évêque de Kazan (à prononcer " Kazagne ") ; il resta de longues heures dans l'église du monastère près de châsse avec les reliques du Saint.
La pensée du monachisme était effrayante au début, le départ pour s'engager dans la vie monacale lui semblait impossible, mais la détermination de quitter le monde mûrit progressivement. Il ne restait plus qu'à faire un choix : dans quel monastère commencer l'exploit ascétique ? Au cours de ces réflexions, un magazine spirituel est tombé entre les mains de Pavel Ivanovich et il a lu un article sur le désert d'Optina (c'est comme ça qu'on appelle en langue russe le monastère éloigné des habitations ordinaires) et le révérend Ambroise.
Quand il s'approchait seulement de l'Ermitage (skit ; ce russe provient de " Scété " en Egypte) d'Optina, qui se trouvait dans la « khibarka » (la hutte) de l'ancien Ambroise, une bienheureuse (folle en Christ) a soudainement dit avec joie : " Pavel Ivanovich est arrivé ". " Gloire à Dieu ", répondit calmement le révérend Ambroise...
C'est là, dans la " hutte ", que Pavel Ivanovitch entendit les mots surprenants du révérend : " Revenez dans deux ans, je vous recevrai ".
Au bout de deux ans, le colonel Plikhankov présenta sa démission. À Optina, il est arrivé le dernier jour de la période qui lui a été donnée par le saint Ambroise, mais ce dernier n'était plus en vie.
Début de la vie monacale
Le 10 février 1892, Pavel Ivanovitch a été enrôlé dans la confrérie de l'Ermitage (skit) Saint-Jean-Baptiste et habillé en soutane.
Chaque soir, pendant trois ans, il allait discuter avec les Anciens : d'abord au révérend Anatoly (Zertzalov), puis au révérend Joseph (Litovkine).
Un an plus tard, le 26 mars 1893, pendent le Grand Carême, le novice Paul a été tonsuré à " ryasophor " (premier degré dans le monachisme de tradition russe), et en décembre 1900, pour cause de maladie, il a été tonsuré dans " le manteau " (mantiya - deuxième degré dans le monachisme de tradition russe), avec le changement du prénom - il est devenu Varsonofiy.
Le 29 décembre 1902, il a été ordonné hiérodiacre (à la fois diacre et moine) et le 1er janvier 1903, il a été ordonné hiéromoine (prêtre et moine).
Le service pastoral
En 1903, le révérend Varsonofiy a été nommé assistant de l'Ancien et en même temps confesseur du monastère féminin de Chamorda et le resta jusqu'au début de la guerre avec le Japon.
Bientôt commence la guerre russe-japonaise, et le révérend Varsonofiy par écoute fut envoyé au front : confesser, donner l'extrême onction et faire communier les blessés et les mourants, lui-même est exposé à plusieurs reprises à un danger mortel. Après la fin de la guerre, le révérend Varsonofiy retourne à sa position habituelle.
En 1907, il est élevé au rang d'higoumène et est nommé comme responsable du skit dépendant du monastère Optino. À ce moment-là, la gloire de lui se répand déjà dans toute la Russie. Le saint Jean, prêtre de Kronshtadt, le saint Barnabé du skit de Gethsémani, sont allés aux demeures éternelles. Le pays s'approchait d'une terrible guerre (1914 - 1918) et de deux révolutions (février 1917 et octobre 1917) infiniment plus terribles ; la mer de la vie, troublée par les tourbillons d'idées folles, était déjà « érigée en tempête », les gens se noyaient dans ses vagues...
Comme dans le port du salut, ils cherchaient dans l'Ermitage béni d'Optina auprès saint Varsonofiy la guérison non seulement des corps, mais aussi des âmes déchirées et épuisées par le péché, cherchaient la réponse à la question : comment vivre pour être sauvé ? Il a vu l'âme humaine, et par les prières, il lui était révélé les choses les plus intimes chez les gens, ce qui lui a permis d'élever les déchus, de guider du faux chemin vers le vrai, de guérir les maladies, spirituelles et corporelles, de chasser les démons.
Son don de perspicacité se manifestait particulièrement lorsqu'il accomplissait le Sacrement de la confession. Madame Lopoukhine a raconté comment, arrivée d'une fille de 16 ans à Optina, elle est entrée dans la « khibarka », dans laquelle le vieil homme recevait les pèlerins. Le révérend Varsonofiy l'a vue et l'a appelée dans le confessionnal, et il y a raconté toute sa vie, année après année, faute après faute, non seulement en indiquant exactement les dates auxquelles ils ont été commis, mais aussi en nommant les noms des personnes avec lesquelles ils étaient associés. Et après avoir terminé ce terrible récit, il a dit : «Demain, tu viendras à moi et tu me répéteras tout ce que je t'ai dit. Je voulais t'apprendre à confesser ».
Pendant toute la durée de sa vie monastique, le révérend Varsonofiy n'a quitté le monastère Optino seulement quelques fois — seulement par écoute. En 1910, également « pour obéissance », il est allé à la station d'Astapovo pour aider Léon Tolstoï qui était en train de mourir. Plus tard, avec le grand regret, il a dit: " On ne m'a pas laissé approché du mourant ... j'ai prié les médecins, les parents, rien n'a changé... Même s'il était un Lion (Léon), il ne pouvait pas briser les chaînes que satan l'avait enchaîné ».
Dernière année de la vie terrestre et le départ pour le ciel
En 1912, le révérend Varsonofiy est nommé abbé du monastère de Théophanie à Staro-Goloutvino. Malgré les grands dons spirituels de l'Ancien, il s'est des personnes mécontentes de son activité : par des plaintes et des dénonciations, il a été retiré d'Optina. Humblement, il a demandé de le laisser dans un Ermitage pour la résidence au repos, il a demandé de rester à Optino au moins comme un simple novice.
Endurant courageusement le chagrin de la séparation avec son refuge de salut - monastère d'Optino, l'Ancien entreprend les travaux d'embellissement de nouveau monastère qui lui est confié (qu'il trouve dans un état extrêmement dégradé et négligé).
Et comme avant, les gens affluent vers le révérend Varsonofiy pour obtenir de l'aide et du réconfort. Et comme avant, il (lui-même déjà épuisé par de nombreuses douleures) accepte tout le monde sans refus, guérit les maux corporels et mentaux, instruit, dirige vers un chemin étroit et pénible, mais qui le seul chemin salutaire.
Ici, à Staro-Golutvino, le miracle de la guérison d'un jeune sourd-muet est accompli par ses prières. « Une terrible maladie est la conséquence d'un péché grave commis par un jeune homme dans son enfance », explique l'Ancien à la mère malheureuse et murmure doucement à l'oreille d'un sourd-muet. « Père, il ne vous entend pas, s'exclame sa mère, confus, il est sourd...» — « C'est toi qu'il n'entend pas », répond le vieillard, « mais il m'entend », et encore une fois, il murmure quelque chose à l'oreille même du jeune homme. Les yeux de celui-ci se dilatent d'horreur et il hoche la tête consciencieusement... Après la confession, le révérend Varsonofiy lui donne la communion et la maladie laisse le souffrant.
Pendant moins d'un an, l'Ancien dirigeait le nouveau monastère. Il souffrait martyr pendant sa maladie mortelle. Refusant l'aide d'un médecin et de toute nourriture appropriée pour son état, il ne faisait que répéter : « Laissez-moi, je suis déjà sur la croix... ». Le starets (en russe - ancien moine qui a obtenu la maturité spirituelle) prenait la communion tous les jours.
Le 1 avril 1913 (ce que correspond au 14 avril selon le calendrier civil d'aujourd'hui), il a remit son âme pure au Seigneur. Le saint Varsonofiy fut enterré à Optina, à côté de son père spirituel et confesseur, le saint Anatoly (+ 1894).