J’ai trouvé un article de GEO (publié le 29/07/2022) qui parle des différences qui opposent l'orthodoxie, le catholicisme romain et le protestantisme. Malheureusement, l’auteur (Audrey PARMENTIER) a fait certain nombre d’erreurs ainsi que d’omissions importantes concernant le christianisme orthodoxe. J’ai décidé donc, de réécrire cet article, en gardant la structure et la thématique, en l’approfondissant et en corrigeant des erreurs.
Le christianisme se définit de la façon suivante dans le Larousse : « Ensemble des religions fondées sur la personne et les écrits rapportant les paroles et la pensée de Jésus-Christ ». Ce christianisme englobe trois courants : les orthodoxes (à l’Est), les catholiques romains et les protestants (à l’Ouest) qui vénèrent donc le même Dieu sur la base du même livre sacré – la Bible (un ensemble des textes sacrés de différents auteurs).
Malgré ce tronc commun, plusieurs différences dogmatiques importantes existent entre les orthodoxes, protestants et catholiques romains.
Mais les chrétiens orthodoxes ne sont pas d’accord avec cette définition de Larousse, et s’estiment d’être les seuls véritablement chrétiens : les autres (protestants et catholiques romains) sont des hétérodoxes, c’est-à-dire hérétiques. Les hérétiques peuvent se dire « chrétiens », mais ils ne les sont pas en vérité. Ceci est un point de vue des chrétiens orthodoxes.
Les sources d’autorités différentes
Dans ce domaine, les protestants sont les plus restrictifs : ils ne reconnaissent que la Bible comme source d'autorité. Ils suivent le principe « Sola Scriptura » édicté par le réformateur (ancien moine catholique romain), Martin Luther. « Sola Scriptura » (ablatif latin signifiant « par l'Écriture seule ») est une expression latine désignant le principe protestant selon lequel la Bible est une autorité en elle-même, à laquelle les chrétiens se soumettent. Sola Scriptura est la première expression des « cinq solas » à avoir été formulée. « L’Écriture est, chez les protestants, l’autorité suprême, sans besoin d’une médiation interprétative venue de l’institution ou d’harmonisation avec une doctrine », rappelle un article du quotidien La Croix.
Cependant, la Bible est composée de plusieurs livres (le mot grec « Biblia » veut dire « des livres », au pluriels). Le principe « Sola Scriptura » ne répond pas à la question : de quelle autorité certains livres sont inclus dans la Bible, et d’autres livres – exclus. Les orthodoxes et les catholiques romains reconnaissent, outre la Bible, la tradition apostolique transmise à travers des siècles et qui a donné la composition actuelle de la Bible.
La date officielle du Grand Schisme est 1054. Cependant, le désaccord entre la chrétienté occidentale, dirigée par le pape de Rome, et l’orientale a commencé bien plus tôt. Le pape de Rome se considérait comme l’hiérarque à part entière de toute l’Église chrétienne, d’abord en raison de la primauté de Rome, ancienne capitale de l’Empire, et ensuite en tant qu’héritier de l’apôtre Pierre. Cependant, Rome ne percevait pas sa primauté en tant que patriarche « premier parmi les égaux », mais voulait être l’unique organe central de gouvernance. Non seulement Constantinople, mais aussi les autres églises orthodoxes locales d’Orient – Antioche, Jérusalem et Alexandrie – s’y opposaient par principe.
Le pape de Rome incarne actuellement la figure d'autorité de l’Église catholique romaine. Pour les catholiques romains, l’évêque de Rome est infaillible, lorsqu’il parle ex cathedra. C’est le dogme d’infaillibilité papale (les catholiques romains n’avaient pas toujours ce dogme). L′infaillibilité pontificale est un dogme proclamé par l'Église catholique romaine en 1870 et complété en 1964, selon lequel le pape de Rome ne peut se tromper dans son pouvoir ordinaire et extraordinaire lorsqu'il entend définir une doctrine révélée en matière de foi ou de mœurs, qu'il exprime ex cathedra.
Du côté des orthodoxes et des protestants, ces deux branches ne reconnaissent pas en pape de Rome une source d’autorité. Le raisonnement des protestants : aucun être humain n'est infaillible, seule la parole de Dieu l’est. Le raisonnement des orthodoxes : aucun être humain n'est infaillible, seule la parole de Dieu l’est, comprise et interprétée selon la Tradition Apostolique (transmise par les saints pères).
Concernant les Eglises orthodoxes, le pape de Rome n’est pas considéré comme le chef de l’Eglise, cette place étant réservée à celle du Christ. La source de l’autorité pour l’Eglise orthodoxe se trouve dans les décisions de sept Conciles Œcuméniques (qui ont eu lieu entre 325 et 787), car à travers les Conciles Œcuméniques c’est le Saint Esprit qui s’est exprimé sur les questions dogmatiques.
Dans le protestantisme (qui existe seulement depuis 1520), le croyant ne peut être soumis qu’à deux autorités : « Christ seul » et « l’Ecriture seule ». Ainsi, le pape n’interprète pas la Bible, le croyant protestant se croit d’être en face-à-face direct avec Dieu. Il existe une multitude des dénominations (juridictions) dans le protestantisme. Par exemple : luthériens, calvinistes, anglicans, baptistes, pentecôtistes, etc… Et chaque juridiction protestante comprend la Bible d’une façon différente. Ce n’est pas étonnant, puisque chacun est autorité pour soi-même dans la compréhension (exégèse) de la Parole de Dieu (la Bible).
Les hommes d'Église
Avant de parler de la hiérarchie ecclésiastique, il faut introduire le concept de Succession Apostolique. La succession apostolique est un concept chrétien orthodoxe selon lequel la mission des apôtres de Jésus (ainsi que la Confession de la Foi des apôtres) s'est transmise au fil des siècles de successeur en successeur. Cette filiation spirituelle, intacte et ininterrompue jusqu'à nos jours, garanti à l'Église Orthodoxe, qui la détient, la fidélité au christianisme primitif et à ses croyances.
La succession apostolique n’est peut pas exister en dehors de la fidélité à la Confession de la Foi des apôtres. Cette vérité transmise est une Tradition de l’Eglise ; elle est détaillée et explicitée lors de sept Conciles Œcuméniques (entre quatrième et huitième siècles).
Chez les orthodoxes et les catholiques romains, les futurs prêtres étudient au séminaire avant de recevoir le sacrement spécial de l'ordre (ordination) par un évêque. Ils sont ensuite aptes à donner les six autres sacrements.
À noter que les prêtres catholiques romains doivent faire vœu de célibat pour le reste de leur vie, alors que les prêtres orthodoxes ont une option d’être mariés (dans ce cas, ils doivent se marier avant son ordination). Chez les orthodoxes, seuls les évêques sont obligés au célibat et la majorité des prêtres sont mariés.
Chez les protestants, les prêtres sont remplacés par des pasteurs. Homme et femme peuvent prétendre à cette fonction. En général, les pasteurs suivent une formation en théologie et/ou se forment auprès d'un pasteur déjà en exercice. Ils peuvent se marier et fonder une famille. Parmi les différences importantes, le pasteur n’a pas pour objectif de représenter le Christ. « Le pasteur, dans la pratique protestante, a un rôle important, mais, à la différence du prêtre, il n’est pas indispensable à l’Église », souligne un article de Réforme.
Les Saints
Les orthodoxes et les catholiques romains prient les Saints. Ils vénèrent la Vierge Marie comme figure sainte et un être plus proche de Dieu. Cela constitue une autre différence importante avec les protestantes qui refusent les Saints et n’ont pas de vénération envers la Vierge Marie. Pour les protestants, le risque est de détourner le croyant du seul Christ ou de tomber dans une forme d’idolâtrie. Autrement dit, d’après eux, personne n’intercède entre Dieu et les hommes et la sainteté n’existe pas.
Chez les orthodoxes, les icônes sont très présentes ; la même chose – pour les fresques et plus rarement les mosaïques. Les fidèles peuvent, via ces images, adresser aux saints leurs prières pour que ceux-ci intercèdent auprès de Dieu. Le septième Concile Œcuménique donne les fondements théologiques sur la question de légitime utilisation des icônes par des chrétiens. Les catholiques romains utilisent les icônes, mais aussi la peinture religieuse et autres images saintes.
Concernant Marie, le dogme de l'Immaculée Conception chez les catholiques romains est reconnu comme par les orthodoxes « innovation tardive qui déforme la Tradition transmise par les apôtres ».
Le dogme du Purgatoire n’existe pas (et n’a jamais existait) chez les orthodoxes.
Les sacrements
Il existe des différences au niveau des sacrements.
Les catholiques et les orthodoxes réalisent les 7 sacrements (7 mystères, dans le vocabulaire orthodoxe). Les voici : le baptême ; la chrismation (qui succède immédiatement au baptême) ; l'eucharistie (les Saints Dons donnés pour la première fois directement après le baptême) ; la confession des péchés (pénitence / repentir / métanoïa) ; l'ordination ; le mariage ; l’onction des malades (ou sacrement des saintes huiles).
Concernant le baptême : les catholiques romains pratiquent essentiellement le baptême par effusion (l’eau est versée sur le front de la personne), l’Église Orthodoxe baptise par la triple immersion totale du corps.
Les protestants ne reconnaissent que le baptême et l'eucharistie car ce sont les seuls sacrements institués par Jésus selon la Bible (dans la compréhension des protestants). « Pour le théologien protestant, il s’agit de ne garder dans la liturgie chrétienne que les signes visibles de la grâce de Dieu envers les hommes, dont la Bible atteste qu’ils ont été institués par Jésus-Christ lui-même », explique le média protestant Réforme.
P.S. : pour aller plus loin vous pouvez obtenir gratuitement un document (format fichier PDF) qui explique l'Orthodoxie :