IMMORTALITÉ DE L’ÂME HUMAINE

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Cette année, le dimanche 27 février selon le calendrier civil (14 février selon le calendrier ecclésiastique) est un dimanche de préparation pour le Grand Carême - dimanche du Jugement Dernier.

Cette commémoration nous montre le chemin du repentir qui est un moyen pour accéder au Royaume de Dieu et pour goûter à la joie et à l'amour de Dieu. Voici le commentaire à ce propos par saint Théophane le Reclus : " Pensons à nos péchés et pleurons-les, décidons de nous garder purs de toute souillure. Car ce qui est impur n'entrera pas dans le Royaume de Dieu, et toute personne impure ne sera pas justifiée devant le tribunal. Après la mort, n'attends pas de purification. Tel que tu trépasseras, tu resteras. C'est ici qu'il faut préparer sa purification. Hâtons-nous donc, car qui peut prévoir combien de temps il vivra ? "

Mais pour les gens qui ne sont pas chrétiens, il convient de parler d'abord de l'immortalité. La foi en l’immortalité de l’âme est inséparable de la religion en général. Elle constitue un objet fondamental de la Foi Chrétienne.

L’immortalité de l'âme humaine dans l'Ancien Testament


Cette idée n’est pas étrangère à l’Ancien Testament : « … car l’homme s’en va vers sa demeure éternelle, et pleureurs parcourent les rues … la poussière retourne à la terre d’où elle avait été tirée, et l’esprit retourne à Dieu, Qui l’a donné » (Ecclésiaste 12:7,9).

Le récit du deuxième et troisième chapitre du livre de Genèse est la réponse à la question de l’apparition de la mort dans le monde et constitue en soi une expression de l’idée de l’immortalité. « L’Éternel Dieu donna cet ordre à l’homme : Tu pourras manger de tous les arbres du jardin ; mais tu ne mangeras pas de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras. » (Genèse 2:16-17).

L’idée selon laquelle l’homme était prédestiné à l’immortalité (et que l’immortalité est possible) est contenue dans les paroles d’Ève, qui a bien compris l’ordre reçu : « Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. Mais quant au fruit de l’arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n’en mangerez point et vous n’y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. » (Genèse 3:2-3).

La même idée est exprimée par le Psalmiste dans les paroles du Seigneur : « Vous êtes des dieux, et vous êtes tous des enfants du Très-Haut. Cependant, vous mourrez comme des hommes… » (Psaumes 82:6-7). /dans la traduction Septante ce psaume a le numéro 81/

Le Psalmiste exprime clairement l’espoir des âmes des justes en la vie après la mort d’un corps physique : « Ainsi mon cœur est dans la joie, mon esprit dans l’allégresse, et mon corps repose en sécurité. Car Tu n’abandonneras point mon âme dans le sépulcre, et Tu ne permettras point que ton bien-aimé voie la corruption. Tu me feras connaître le sentier de la vie. Il y a d’abondantes joies devant Ta face, des délices éternels à Ta droite. » (Psaumes 16:9-11). /dans la traduction Septante ce psaume a le numéro 15/

« Mais Dieu sauvera mon âme du séjour des morts, car Il me prendra sous Sa protection. » (Psaumes 49:16). /dans la traduction Septante ce psaume a le numéro 48/

« Dieu n’a pas fait la mort, et Il ne prend pas plaisir à la ruine des vivants ; Il a créé toutes choses pour qu’elles soient » (Sagesse de Salomon 1:13).

« Oui, Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, et il en fait une image de Sa propre singularité ; c’est par l’envie du diable que la mort est entrée dans le monde » (Sagesse de Salomon 2:23-24).


L’immortalité de l'âme humaine dans le Nouveau Testament


Le Seigneur Jésus Christ a toujours considéré l’immortalité de l’âme comme le fondement de la vie pieuse, et Il a rejeté l’enseignement des Sadducéens qui nient l’immortalité. Dans son discours d’adieu à Ses disciples, le Seigneur leur dit qu’Il s’en allait leur préparer un lieu afin qu’ils puissent se trouver là où Lui-même (Jean 14:2-3). Et à l’un des malfaiteurs crucifiés avec Lui, Il dit : « Amen, Je te le dis, aujourd'hui tu seras avec Moi dans le paradis » (Luc 23:43).

Dans le Nouveau Testament, la vérité de l’immortalité de l’âme fait en général l’objet d’une révélation plus complète et constitue une partie fondamentale de la foi chrétienne. Cette vérité inspire chrétien et rempli son âme d’un espoir joyeux en la vie éternelle dans le Royaume du Fils de Dieu.

Saint apôtre Paul écrit : « … la mort m’est un gain … j’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est le meilleur » (Épître aux Philippiens 1:21-23). « Nous savons, en effet, que si cette tente où nous habitons sur la terre est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme. Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile céleste… » (2ème Epître aux Corinthiens 5:1-2).

Les saints pères de l’Eglise ont unanimement prêché l’immortalité de l’âme : « Dieu souhaite que l’âme puisse vivre » (saint Justin le Martyre) ; « L’âme est immortelle par la grâce de Dieu, Qui la rend immortelle » (st Cyrille de Jérusalem). Les saints pères soulignent la différence entre l’immortalité de l’homme et celle de Dieu, Qui est immortel par essence même de Sa nature et par conséquent « Qui seul possède l’immortalité », selon l’Ecriture (1ère Épître à Timothée 6:16).

Dans le Grand Euchologe, l’un des livres liturgiques fondamentaux de l’Eglise Orthodoxe, nous lisons :

« Dieu grand et sublime, Qui seul as l’immortalité » (7ème prière de vêpres).

« Seul immortel à cause de Sa nature divine » (Ode 1, Canon des funérailles des laïcs).

« Seul vivifiant par nature… Seul immortel » ; « Tu es le Seul immortel » (Ode 5, Canon des funérailles des laïcs).

Selon saint Maxime le Confesseur (dans le livre Philocalie), « la mort est fondamentalement la séparation avec Dieu, suivi nécessairement de la mort du corps. La vie est proprement et principalement Celui qui a dit : Je suis la Vie ».

Par le commandement donné à l’homme au paradis, Dieu voulait éprouver la liberté de l’homme et lui montrer que par l’exercice de la vertu, il sera sauvé. Adam, au Paradis, par la désobéissance a introduit le péché dans la vie du genre humain. Il a aboli la simplicité, et depuis lors celle de tous les hommes. Avec l’abolition de la simplicité, il a détruit la paix, la sérénité, l’impassibilité, l’amour, et nous nantis du déchirement que provoquent les pensées, les imaginations et les actes ; il nous a donné l’assujettissement, les remords, les maladies, les désagréments du quotidien. La chute a emprisonné l’homme dans un cercle de souffrance et de jouissance. Nous demandons le plaisir – et nous trouvons la souffrance que nous fuyons.

Pourquoi la mort a-t-elle frappé toute l’humanité ? Pourquoi ceux qui n’ont pas péché comme Adam meurent-ils comme lui ?

Voici la réponse de saint Anastase le Sinaïte : « Nous avons hérité de la malédiction d’Adam. Nous n’avons pas été punis comme si nous avions désobéi au commandement divin avec Adam ; mais parce qu’Adam est devenu mortel, il a transmis le péché à sa postérité. Nés d’un mortel, nous sommes mortels ».

Théophile d’Antioche dit : « En lui-même, l’arbre de la connaissance était bon, et bon était son fruit. Ce n’était pas l’arbre, comme certains le croient, qui portait la mort en lui, mais bien la désobéissance ; le fruit ne contenait rien d’autre que la connaissance, et la connaissance est bonne lorsqu'on en fait un usage adéquat ».

Saint Jean Damascène donne le même enseignement : « Ce n’est pas le bois qui enfante la mort ; car Dieu n’a pas fait la mort – mais c’est la désobéissance qui attire la mort ».

Les Pères nous enseignent que l’interdiction de goûter à l’arbre de la connaissance n’était que temporaire. Spirituellement, Adam était en bas âge, et toute nourriture n’est pas bonne pour un nourrisson. Dieu avait planté l’arbre de la connaissance pour l’homme ; son fruit était bon et nourrissant, mais c’était un aliment solide alors qu’Adam ne pouvait encore digérer que le lait.

Selon l’expression de st Maxime Le Confesseur « l’homme est devenu un transgresseur et il ignore Dieu ». La nature d’Adam déchu est divisée, déchirée. Telle la conséquence du péché qui se transforme en une quantité de petites maladies nauséabondes et nuisibles : égoïsme, vanité, folle témérité, tyrannie, distraction, procrastination, instabilité, envie, jalousie, découragement, mauvaise humeur, désespoir, mélancolie. La vie de gens qui font les péchés plus graves est un tourment continuel (Job 15:20).

Heureusement, le Christ, le nouvel Adam, a vécu avec l’homme, a ranimé la flamme enfouie sous la cendre et Il a revivifié la créature de Dieu. Né de la Vierge, Il a assumé, hormis le péché, la naissance de l’homme déchu et Il réintroduit dans la beauté première tous ceux qui le veulent. Il nous a donné la possibilité de décider et de vivre tout ce qu’il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, la vertu, la louange. Notre Christ, par Sa mort volontaire, nous attire vers l’immortalité bienheureuse.

L’observation montre que la foi en l’immortalité de l’âme a toujours été intrinsèquement inséparable de la foi en Dieu. Plus vivante est la foi en Dieu, plus ferme et dénuée de doute est la foi en l’immortalité de l’âme. Au contraire, plus faible et dénuée de vie est la foi en Dieu, plus forts sont le doute et l’hésitation en la vérité de l’immortalité de l’âme.

L’homme athée se pose des questions concernant le sens de la vie ; en effet, il est difficile de réponde à cette question si l’homme a des croyances limitantes (exprimées notamment par Karl Marx et Friedrich Nietzsche), telles que « Dieu est mort », ou « le monde spirituel n’existe pas », ou « l’âme immortelle n’existe pas ». Pour le chrétien – le sens de la vie ici-bas est son existence dans l’au-delà, dans le Royaume Céleste, avec le Christ et tous les saints.

Dans l’Eglise Orthodoxe la reconnaissance de l’immortalité de l’âme occupe une place centrale dans le système d’enseignement et dans la vie de l’Eglise. Le contenu offices divins et les prières lues en privé, fortifient et inspirent les fidèles dans la conscience et la croyance en une vie au-delà de la tombe pour les âmes de nos proches défunts, ainsi que dans la croyance en notre propre immortalité. La finalité de la vie chrétienne est d’arriver à la sainteté.

Chez les orthodoxes – la fête de tous les saints est fixée le premier dimanche après la Pentecôte, pour la commémoration, mais aussi pour notre encouragement. « Nous aussi, environnés d’une si grande nuée de témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si facilement, et courons avec persévérance et patience dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef Qui accompli la foi » (Épître aux Hébreux 12:1-2). Lorsqu'on parle de la « grande nuée de témoins » – il s’agit d’un nombre très important des saints de l’Ancien et de Nouveau Testaments.

Il faut également remarquer que la lecture des vies de saints – est une de lectures préférées d’un chrétien orthodoxe. Lorsque nous demandons à un saint pour qu’il nous aide par ses prières, nous croyons dans l’immortalité de son âme et qu’il intercède pour nous auprès de Dieu.

Un grand saint de 4ème siècle St Athanase, patriarche d’Alexandrie nous enseigne brièvement sur la sainteté et l’immortalité : « Dieu devint homme pour déifier l’homme ». C'est que se passe avec les saints de l'Eglise !