SAINT JEAN LE RUSSE

#Histoire , #Degré 1


Guerre, capture et esclavage

Le Saint Confesseur Jean le Russe naquit vers 1690 de parents pieux et orthodoxes dans un village de Petite-Russie [à l'époque cette région s'appelait « Malorossiya », et actuellement elle fait partie de l'Ukraine]. Dès sa tendre enfance il fut élevé dans la vertu et l'amour de Dieu. Chaque jour, il prenait soin d'améliorer sa vie, se tenant loin des conversations corruptrices et de la compagnie des jeunes gens de son âge. Il aimait beaucoup son Dieu et Créateur et s'efforçait d'observer exactement tous Ses Commandements.

Parvenu à l'âge de la maturité, il fut appelé à faire son service militaire et il servit comme simple soldat dans l'armée du tsar Pierre I (son règne est de 1672 à 1725) et prit part à la guerre russo-turque.

Durant la campagne de 1711, il fut capturé avec d'autres soldats par les tatars de Crimée (les vassaux de l'Empire Ottomane), et il fut vendu en esclavage à un turc, officier de cavalerie qui l'emmena son prisonnier dans sa patrie, dans une bourgade appelée Prokopi (actuellement, Urgup) en Cappadoce (en Asie Mineure), à douze heures de Césarée.


Épreuve du début de la captivité

Les turcs tentèrent de convertir les captifs chrétiens au mahométisme : certains avec des menaces et des promesses pendant que d'autres bien plus durement – les prisonniers furent battus et torturés.

Plusieurs des compagnons de saint Jean ont cédé à la pression et renièrent la sainte foi de leurs pères : les uns attirés par les biens que leur accordait leur maître, d'autres reculant devant les tourments auxquels ils étaient soumis.


Résistance à la fausse croyance
et témoignage de la vérité

Jean fut un soldat du tsar terrestre, mais en captivité et en condition d'esclavage, il a démontré qu'il est avant tout et surtout un combattant spirituel, un courageux soldat du Christ – Roi Céleste.

Son maître le tortura souvent dans l'espoir que son esclave acceptera l'islam mais saint Jean résolument résista à la volonté de son maître.

Contrairement à beaucoup de ses compagnons de captivité qui abjuraient le Christianisme, saint Jean résistait aux propositions et aux menasses de son maître en disant qu'aucun tourment ne pourrait le séparer de l'Amour du Christ. Saint Jean ne se laissa pas corrompre par les promesses de biens terrestres et endura bravement la férocité, les humiliations et les coups.

Saint Jean ne tenait pour rien ce qui lui était offert, ayant l'esprit concentré sur le Sauveur du monde et c'est avec beaucoup de patience qu'il acceptait les tourments. Il résistait à son maître en lui répondant par les paroles du saint apôtre Paul : "Qui me séparera de l'Amour du Christ? Sera-ce la tribulation ou l'angoisse ou la persécution ou la faim ou la nudité ou le péril ou l'épée?" (Romains 8:25). J'ai une confiance absolue en mon Seigneur Jésus-Christ, le Fils Unique de Dieu et rien de tout cela ne pourra jamais me séparer de Son Amour. Jamais ni par les menaces ni par les promesses de richesses et plaisirs vous n'arriverez à me faire abandonner ma sainte foi. Je suis chrétien et je mourrai en tant que chrétien.

Et il ajoutait : « Tu es maître de mon corps mais pas de mon âme. Si tu me laisses libre d'accomplir mes devoirs religieux et spirituels, c'est avec promptitude que j'obéirai à tes ordres. Mais si tu veux m'arracher de mon église soit par les menaces, soit par des promesses trompeuses de richesse, de gloire et de plaisir, sache que rien de tout cela ne pourra m'attirer ni ébranler ma Foi envers Christ Mon Sauveur car j'ai les yeux constamment fixés sur le Chef et l'Artisan de mon Salut, Qui autrefois considéra comme un lit royal le crèche de Bethléem. Ainsi, c'est avec plaisir que je me reposerai dans ce coin de ton écurie où tu m'as condamné à demeurer. Pensant au roseau avec lequel les soldats frappèrent Sa Tête Immaculée, je supporterai sans murmure tes coups de bâtons ; pensant à la couronne d'épines qu'on posa sur Sa Tête, je supporterai courageusement le casque de fer que vous avez l'habitude de rougir au feu et d'en coiffer ceux qui refusent de se soumettre à vos volontés. Enfin, je suis prêt à supporter les plus grands et les plus effroyables tourments, si tu veux m'y soumettre, mais je ne renierai jamais le Christ. »

Ces paroles pleines de ferveur chrétienne, son intrépidité ainsi que sa conduite chaste et humble ont fini par adoucir le cœur dur de l'officier turc. Il cessa de le tyranniser et ne l'obligea pas à renier sa Foi. Il cessa de tyranniser et tourmenter son captif et ne tenta plus de le forcer à renoncer au Christianisme mais le contraignit d'habiter dans un coin sombre de l'écurie et de soigner les chevaux.

Du matin jusque tard le soir, le Saint de Dieu servait son maître turc, accomplissant judicieusement tous ses ordres.

Commis au soin des chevaux, Saint Jean habitait un coin sombre de l'écurie et lorsque son maître sortait dans la bourgade à cheval, il devait en tant qu'esclave le suivre à pied. Le Bienheureux acceptait cependant avec la gratitude vers Dieu cette condition avilissante et glorifiait Dieu de l'avoir ainsi délivré de l'apostasie.

Sans chaussures, été comme hiver, vêtu de guenilles et prenant un peu de repos sur la paille ou le fumier comme le Juste Job, saint Jean continuait néanmoins à passer des nuits entières en prière à genoux sur le parvis de l'église voisine dédicacée à Saint Georges.

D'autres esclaves se moquaient souvent de lui en voyant son zèle. Il acceptait sans murmure les insultes et les moqueries des autres esclaves. Saint Jean ne se fâcha jamais contre eux, au contraire : quand l'occasion s'en présentait, il les aidait dans leur servitude et les réconfortait dans leur infortune.


Aboutissement de sa vie terrestre

Ayant accepté avec reconnaissance cette condition, le Saint glorifiait en son cœur le Seigneur Qui d'une façon invisible l'avait délivré du danger de renier sa foi et avait assoupli le cœur de son maître. Il resta donc dans cette écurie, soignant les chevaux de son maître.

Le Bienheureux supportait les durs combats de l'ascèse, la faim, la soif et priait à genoux toute la nuit. Il prenait un peu de repos sur la paille ou sur le fumier comme Job presque nu et sans chaussures été comme hiver. De même, les insultes et les moqueries des autres esclaves qu'il acceptait à tout moment sans murmurer et leur rendant toujours service.

Parfois il quittait son abri paisible et sous couvert de la nuit, il allait à l'église du Saint et Grand-Martyr Georges où il priait avec ferveur agenouillé sous le portique et dans cette église, il communiait chaque samedi aux Saints Mystères : Corps et au Sang du Christ.

Pendant ce temps, Saint Jean continuait comme auparavant à servir son maître et malgré sa propre pauvreté, il aida toujours les pauvres et les malades, leur partageant sa maigre pitance.

Pour cela, les yeux du Très Haut ne sommeillant jamais et voyant avec quelle Gloire Son Serviteur Le glorifiait sur terre, Dieu voulut le glorifier en retour de la manière suivante : comme autrefois Dieu par le saint prophète Élie avait béni la veuve de Sarepta et Potiphar par le sage Joseph, de même Il bénit le maître de saint Jean en le rendant plus riche et plus glorieux que les gens de sa ville. Bien qu'il fut étranger à la religion du Christ, celui-ci se rendait bien compte que toutes ces bénédictions lui arrivaient grâce aux prières de son captif Jean le Russe.

Une telle douceur sincère de cœur de la part du Saint eut de l'effet sur l'âme tant du maître que des esclaves. Le maître commença à confier à saint Jean bien plus et à l'estimer pour son intégrité et sa décence au point qu'il lui offrit une vie beaucoup plus aisée et de pouvoir s'installer où il le voudrait.

Mais l'Ascète suggéra qu'il puisse demeurer à proximité de l'écurie où chaque nuit il pouvait sans opposition prier en solitaire, renforçant les gens dans la Bonté et l'Amour de Dieu.

C'est ainsi qu'il vécut pieusement devant Dieu pendant plusieurs années. Vers la fin de sa difficile et ascétique vie, Saint Jean devint infirme et il tomba malade et prédit que sa fin était proche. Afin de recevoir la bénédiction finale avant le Rappel à Dieu de son âme, il invita alors un prêtre orthodoxe de la bourgade, le priant de lui apporter la Sainte Communion. Mais le prêtre craignant de transporter ouvertement la Sainte Communion dans la maison d'un musulman de peur qu'elle ne soit profanée, eut l'idée pour éviter tout risque de la mettre dans une pomme et de faire communier le Saint en lui offrant cette pomme.

Ayant glorifié le Seigneur, il communia aux Saints Mystères du Christ (le Viatique de la Vie Éternelle) et il s'endormit alors en Dieu. La juste fin de la course terrestre du saint confesseur Jean le Russe eut lieu le 27 mai 1730. Il fut transporté de la captivité temporelle et de la grande misère à la Liberté Céleste et à la Joie Éternelle.

Ayant appris le Rappel à Dieu de saint Jean, son ancien maître invita les plus distingués parmi les chrétiens et leurs prêtres et leur permit de prendre librement le corps et de l'ensevelir selon les coutumes chrétiennes. Voulant manifester à tous l'affection qu'il avait pour saint Jean, il apporta un précieux tapis et le déposa sur son cercueil ; le prêtre arriva, suivi de tous les chrétiens de la bourgade et avec beaucoup de Piété et de componction, parmi les cierges et les encensoirs, ils enlevèrent le corps du courageux Soldat du Christ et l'ensevelirent pieusement dans le cimetière des chrétiens.


Trésor spirituel durant la vie ici-bas

Les sacrifices et combats vertueux de saint Jean ne restèrent pas sans effets bénéfiques pour son maître qui devint le plus riche et le plus respecté des habitants de la ville.

A cause de son respect vers saint Jean, cet officier a eu cette récompense ici-bas, pour ne rien pouvoir demander dans l’au-delà.

Contrairement à son esclavagiste, saint Jean accumulait les trésors éternels et impérissables.

Pour montrer un avancement spirituel que saint Jean le Russe avait de son vivant, je vais raconter un épisode qui caractérise sa force de prière et son rapprochement avec Dieu.

Ce miracle était évident à tout les habitants de Prokopi.

Le maître de saint Jean pensa un jour accomplir ses devoirs religieux en se rendant à La Mecque (ce pèlerinage est prescrit à tout musulman ayant les moyens de le faire). Après avoir quitté Prokopi, il arriva à la destination au bout d'un long et pénible voyage.

Quelques semaines après son départ, sa femme invita parents et amis à un grand dîner afin que les convives se réjouissent et expriment leurs vœux pour l'heureux retour de son époux.

A table, Saint Jean les servait avec beaucoup de promptitude et de retenue. Comme il entrait dans la salle pour y servir un plantureux riz pilaf (un mets particulièrement agréable au goût de son maître absent). Leur ayant servi, la maîtresse de maison montra de sa main le serviteur et dit : "Combien son maître se serait réjoui s'il avait été ici et avait mangé avec nous ce magnifique pilaf dont il est si friand !"

S'étant recueilli quelques instants en une prière silencieuse et ayant une Confiance Absolue en Dieu, Saint Jean demanda à cette femme de lui donner un plat garni de ce pilaf pour l'envoyer à son maître à la Mecque.

Tous les convives se moquaient en prétendant ces choses impossibles. Toutefois, la maîtresse de maison lui donna un plat de riz en souriant et en disant que le serviteur avait peut-être faim et voulait en goûter chemin faisant.

Gardant le silence, saint Jean sortit de la salle à manger, entra alors dans l'écurie et éleva la fervente prière vers Dieu : "Que Celui Qui autrefois envoya le saint prophète Habacuc à Babylone pour apporter de la nourriture au saint prophète Daniel dans la fosse aux lions, exauce aussi ma prière et fasse parvenir ce plat à mon maître !"

Ayant prié ainsi, il retourna dans la salle du banquet et annonça qu'en effet le plat était arrivé à destination. Tout le monde éclata alors de rire en l'accusant de s'en être gavé en secret.

Cependant quand le maître de la maison rentra de voyage, rapportant avec lui ce plat vide orné de ses initiales, tous furent dans la stupéfaction et l'étonnement.

Le maître raconta la chose de la façon suivante : "Tel jour vers le soir, revenant de la grande mosquée de la Mecque pour me reposer dans ma tente, j'aperçus sur ma table un plat couvert et contenant de la nourriture chaude et fumante. J'étais dans l'étonnement et ne pouvais deviner qui avait pu déposer ce repas dans ma tente fermée. J'observais le plat et je vis soudain qu'il était marqué à mes initiales. Après en avoir mangé le contenu, je gardai le plat mais ne je sus pas comment la chose arriva."

Ceci obligea son épouse et les convives à avouer cette vérité au maître : Jean, l'esclave, était l'instrument du Miracle. Ayant donné le plat à Jean, nous l'avons d'abord raillé pensant que c'était une chose impossible mais maintenant, nous voyons qu'il a tenu sa promesse et ceci est dû à la Puissance Divine.

Tous les habitants de la maison furent saisis de stupéfaction et invoquant Allah, ils commencèrent à témoigner honneur et grand respect à l'esclave chrétien. On lui proposa de lui rendre la liberté et de lui donner une chambre plus digne (hors de l'écurie) ; saint Jean les remercia et refusa, disant qu'il préférait rester dans le coin sombre de l'écurie. De cette façon, pensait-il, craignant la gloire des hommes, il pourrait mieux faire ses exploits ascétiques et glorifier Dieu.

Saint Jean n'a pas voulu changer son mode de vie – et pourquoi changer, si ce mode de vie apporte les fruits en Christ ?


Utilité pour les chrétiens du 21ème siècle

« Saint Jean le Russe » (aghios Ioannis o Rossos) – c'est l'appellation donnée par les grecs orthodoxes ; pas par les russes. Évidement, en Russie, être appelé « russe » n'est pas un signe distinctif. Cela nous montre la possibilité d'arriver à la sainteté même étant coupé de son environnement familier et de sa civilisation, pourtant orthodoxe. Même en captivité, même en exile, nous avons la possibilité de persévérer dans le chemin du Salut, en observant les commandements évangéliques.

Saint Jean a vécu seulement 40 ans – dans le froid de l'hiver ou la chaleur de l'été, à moitié nu et pieds nus, saint Jean accomplissait son devoir, en se comportant chrétiennement et en persistant dans la prière. C'est une leçon d'optimisme pour nous.

D'autres leçons plus importantes encore :

- Droiture dans la confession de la foi orthodoxe – saint Jean n'a pas fait les discours ambigus comme les modernistes et œcuménismes. Il n'a pas dit aux musulmans « votre foi est bonne et la mienne aussi ». Non. Ce que saint Jean le Russe a confessé dans ses souffrances – que uniquement dans la foi chrétienne orthodoxe est le salut pour chaque être humain, peu importe les origines ethniques. Les miracles de Dieu peuvent aider de se tourner vers la vérité, mais Dieu ne force personne ; chacun a sa libre volonté.

- Courage dans la confession de la vraie foi.

- Constance dans l'affrontement des difficultés de la vie.

- Patience dans les épreuves.

- Douceur, absence de colère.

- Espoir en Dieu et prière.

- Considération des choses invisibles et éternelles et compréhension de la relativité des biens matériels et périssables.

Saint Jean le Russe est pour nous un glorieux combattant spirituel et témoin de l'Orthodoxie et il nous est proposé en exemple de vertu et de sainteté.

Saint Jean Chrysostome disait : « Vénérer les Saints, c'est les imiter ».

Si nous marchons sur un même sentier, non seulement nous aurons sur nous la Bénédiction de Dieu comme l'avait de son vivant saint Jean le Russe, mais nous vivrons éternellement dans le Royaume Céleste avec Notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ auquel appartiennent toute gloire, honneur et adoration avec Son Père sans commencement et Son Très Saint, Bon et Vivifiant Esprit, maintenant et toujours et aux siècles des siècles.


Trésor dans l'au-delà

Toute la vie terrestre pour un chrétien orthodoxe est une préparation pour la mort. Ou plutôt il faut dire que la vie terrestre est une préparation pour la vie éternelle dans le Royaume de Dieu.

Saint Jean a eu une belle vie (confesseur et thaumaturge), et il est arrivé finalement à une bonne destination.

Quand les chrétiens rapportèrent à l'officier turc que son serviteur Jean venait de partir de ce monde, il fit venir le prêtre et lui remit le corps de saint Jean et ils lui donnèrent des funérailles adéquates pour un chrétien.

Presque tous les habitants chrétiens de Prokopi assistèrent aux funérailles et accompagnèrent ensuite le corps de Saint Jean au cimetière chrétien.

Après 1730, les Chrétiens virent plusieurs fois dans la nuit une colonne de feu qui descendait du Ciel sur le tombeau du Saint.

Trois ans et demi plus tard après le rappel à Dieu de saint Jean, un vieux prêtre vit en songe saint Jean qui lui demandait de translater son corps. Mais le prêtre douta de la véracité du songe car les chrétiens ne considéraient pas encore la sainteté de Jean le Russe. Cependant plusieurs fois dans la nuit, le prêtre et beaucoup d'autres chrétiens virent une colonne de feu descendre du Ciel sur la tombe du Saint. Ceci détermina le pieux prêtre et les autres chrétiens à ouvrir sa tombe, prenant le signe de cette Lumière Céleste comme un signe indéniable de Sainteté.

En effet, ouvrant la tombe, ils trouvèrent son corps incorrompu et exhalant un parfum suave de Sainteté. C'est ainsi que dans l'allégresse spirituelle, chantant des psaumes et des hymnes avec des cierges et dans une nuée d'encens, ils translatèrent la précieux restes dans l'église de Saint Georges, où saint Jean avait prié tant de nuits et le déposèrent dans un reliquaire sous l'Autel.

Dès lors, de nombreux chrétiens accoururent à Prokopi pour vénérer ses Reliques à l'église du Saint Mégalomartyr Georges et demander à Dieu la guérison de l'âme et du corps.

Par les Précieuses Reliques de Son saint serviteur, Dieu opéra une multitude de miracles et de prodiges pour les habitants de Cappadoce.

Les récits se répandirent dans les villes et villages lointains. Les fidèles chrétiens de divers lieux virent à Prokopi pour vénérer les Saintes Reliques de Saint Jean le Russe et reçurent à travers ses prières des guérisons.

Saint Jean devint non seulement vénéré par les chrétiens orthodoxes mais aussi par les arméniens hétérodoxes et même les turcs musulmans, recourant avec force prières au saint russe : "Servant de Dieu, ne nous dédaigne pas dans Ta Miséricorde."

En l'année 1832, des troupes turques conduites par Osman Pacha se dirigèrent vers l’Égypte pour étouffer une révolte et voulurent passer la nuit à Prokopi. A cette époque, plusieurs des habitants musulmans de Prokopi étant des janissaires, haïssaient le sultan et s'accordèrent pour ne pas recevoir Osman Pacha dans leur bourgade ni dans les environs. C'est en vain que les chrétiens tentèrent tout pour leur faire changer d'avis mais les musulmans restaient sur leur opinion. Alors les Chrétiens s'enfuirent de nuit avec leurs femmes et leurs enfants vers les hameaux des environs pour pouvoir se sauver.

En effet le lendemain, Osman Pacha décida d'entrer de force à Prokopi avec son armée et ses soldats se livrèrent tout de suite au massacre au vandalisme et au brigandage. C'est ainsi que, arrachant tout ce qui leur tombait sous la main, ils entrèrent aussi dans l'église de Saint Georges où ils prirent d'abord toutes les veilleuses et les vases sacrés puis ouvrirent également le reliquaire du Saint dans l'espoir d'y trouver quelque trésor en or ou en argent.

N'ayant rien trouvé de tout cela, ils se mirent en colère et pour se venger du Saint Jean et se moquer des Chrétiens, ils voulurent brûler les Saint Reliques du Bienheureux. Ils l'emmenèrent sur le parvis de l'église, firent un grand feu et y jetèrent irrespectueusement les Précieux Restes. Tout imprégnées de la Grâce Divine non seulement celles-ci ne brûlèrent pas mais comme les soldats eux-mêmes le racontèrent ensuite à leurs coreligionnaires, le Saint leur apparut au milieu du feu, les menaçant et les chassant hors du parvis de l'église. Alors les soldats emplis de frayeur abandonnèrent tout et s'enfuirent. Puis les chrétiens reprirent le corps du Saint et le déposèrent de nouveau dans son reliquaire.

En l'année 1845, on érigea à Prokopi une nouvelle église dédicacée à Saint Basile le Grand. Les Chrétiens de la bourgade voulurent translater les Saintes Reliques dans la nouvelle église. Toutefois, ils s'aperçurent que le reliquaire avait retrouvé sa place dans l'ancienne église. Tout au début, ils ne crurent pas à une opération miraculeuse et donnant à cet événement une interprétation quelconque, ils ramenèrent le reliquaire dans la nouvelle église. Bien que les deux églises fussent fermées, le reliquaire fut de nouveau transporté à son ancienne place. Ceci s'étant répété à deux ou trois reprises, les Chrétiens comprirent qu'il s'agissait d'un Miracle de la part de Dieu. Le Saint désirait que son corps reposât dans l'église où durant toute sa vie il avait glorifié Dieu par son Ascèse.

Des besoins divers les obligeant à faire cette Translation, ils commencèrent à prier et à supplier avec ferveur. Saint Jean consentit alors à ce que sa dépouille reste définitivement dans l'église de Saint Basile.

En 1862, un samedi, pendant qu'on célébrait la Divine Liturgie, une pieuse dame raconta que la nuit précédente elle avait vu en songe Saint Jean sortir de son reliquaire tenant dans ses deux mains le toit de l'école grecque qui allait s'écrouler.

Pendant qu'elle parlait, on entendit un bruit effroyable. Les fidèles sortant de l'église, constatèrent que l'école s'était écroulée. Vite, ils coururent en pleurant et en se lamentant et purent soulever le toit écroulé.

Grâce à Dieu, les vingt élèves qui se trouvaient là étaient tous sains et saufs. Les sauveteurs leur demandèrent alors ce qui était arrivé et ils répondirent : "Soudain, nous avons entendu les poutres craquer ; voyant le danger suspendu au-dessus de nos têtes et comme si quelqu'un nous poussait tous à la fois en un instant nous nous sommes mis sous nos bancs. Ainsi, les poutres ont pu rencontrer les bancs et former un pont qui empêcha le toit de nous écraser."

Ainsi, par la Grâce de Dieu et par la protection invisible de Saint Jean, furent sauvés tant d'enfants innocents.

Au cours de l'année 1874, une petite fille de douze ans descendant de l'ancien maître musulman de Saint Jean disparut. Bien que musulmans et après maintes recherches infructueuses, ses parents allèrent prier devant le reliquaire de Saint Jean pour retrouver leur fille. La nuit, Saint Jean apparut en songe à la mère de la petite fille lui disant que telle femme parmi ses coreligionnaires avait invité la petite fille chez elle et lui ayant enlevé ses boucles d'or et autres bijoux, l'avait étranglée et avait caché le cadavre dans la cheminée de la maison. S'étant éveillée, la femme réveilla son mari et les domestiques et ils accoururent au lieu indiqué par le Saint où en effet ils découvrirent le cadavre. La meurtrière fut arrêtée et punie par les autorités.

Un moine du Mont Athos entreprit un voyage pour aller vénérer les Vénérables Reliques de Saint Jean. En route, il eut un songe : le Saint lui apparut, l'avertissant que des brigands allaient l'attaquer et il lui indiqua le moyen de les éviter. Se conformant aux indications du Saint, il arriva sain et sauf.

Plus tard, les moines du Monastère russe de Saint Mégalomartyr Panteleïmone demandèrent aux habitants de Prokopi de leur accorder une partie des Précieuses Reliques de Saint Jean le Russe pour avoir sa Grâce et sa bénédiction dans leur monastère. Cette demande fut accueillie très hostilement et les Grecs refusèrent catégoriquement de donner suite à cette requête. Par la suite, les Moines de Saint Panteleïmone se mirent à prier avec ferveur pour que Dieu veuille changer le cœur des habitants de Prokopi par l'intercession de Saint Jean. En 1891, en effet, ceux-ci, fléchis par le Saint, envoyèrent sa main droite au monastère russe où elle demeure jusqu'à ce jour.

Conjointement, ce Monastère et les habitants de Prokopi entamèrent en 1886 la construction d'une nouvelle église. Le 15 août 1898, la nouvelle église dédicacée à Saint Jean le Russe fut consacrée par le Saint Métropolite Jean de Césarée avec la bénédiction du Patriarche Constantin V de Constantinople.

Lors de l'expulsion des grecs d'Asie Mineure (selon le traité de Lausanne de 1922), les chrétiens de Prokopi translatent avec eux les Saintes Reliques de Saint Jean le Russe comme leur plus grand trésor.

Ils s'installèrent en 1924 en Grèce au village qu'ils nommèrent Néo Prokopi (en mémoire de leur village natal) dans l'île d'Eubée (Euveia). Saint Jean y est depuis vénéré comme une source inépuisable de guérisons et de bénédictions pour tous ceux qui l'approchent avec foi et dévotion.

Plusieurs dizaines d'années durant, les Insignes Reliques se trouvèrent dans l'église des Saints Égaux-aux-Apôtres Constantin et Hélène à Néo Prokopi ; mais en 1951, elles furent translatées dans une église dédicacée à Saint Jean le Russe.

Des milliers de pèlerins y défilèrent de tous les coins de la Grèce en particulier le jour de sa mémoire, 27 mai.

Saint Jean le Russe est largement vénéré sur la Sainte Montagne de l'Athos en particulier dans le Monastère russe Saint-Panteleimon.


Tropaire de Saint Jean le Russe, mode 4 :

Celui qui t'appela de la terre aux Parvis Célestes,

garda aussi après ton Rappel à Dieu ton corps incorrompu, Ô Bienheureux.

Toi qui fus emmené comme captif en terre étrangère,

où tu t'es uni au Christ, Ô Saint Jean,

supplie-Le pour qu'Il sauve nos âmes.


Kondakion de Saint Jean le Russe, mode 4 :

Celui qui fut le servant de l'Amour Évangélique,

le zélateur de la Justice Divine,

qui a gardé la pureté de l'âme et du corps,

et a confessé la Foi du Christ dans les souffrances,

le Juste et Saint Jean proclamons-le Bienheureux et vénérons-le aujourd'hui,

et édifiés par sa vie, nous lui chantons :

réjouis-toi, Ô Notre Intercesseur Glorifié par Dieu.