L’EGLISE DES ORIGINES

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L’histoire de l’Orthodoxie débute dans la région de Jérusalem avec la personne de Jésus Christ qui, réunit autour de Lui un premier groupe de douze disciples. Le jour de naissance de l'Église - c'est Pentecôte, la descente du Saint Esprit, le cinquantième jour à partir de Pâques (du grec : πεντηκοστὴ ἡμέρα, « cinquantième jour »), sur les Apôtres, suivant un récit relaté dans les Actes des Apôtres, chapitre 2.

La période des Conciles Œcuméniques (entre quatrième et huitième siècles inclus) est une période de formation et de cristallisation afin de mettre en relief la continuité apostolique des communautés chrétiennes antiques. Mais avant des Conciles Œcuméniques (organisés par des empereurs orthodoxes) il y avait déjà des conciles locaux.

Les premières communautés des disciples des apôtres de sont d’abord concentrées à Jérusalem, – selon le témoignage des apôtres, les disciples du Jésus Christ, après l’événement de la Pentecôte qui marque la descente du Saint Esprit sur les disciples (Actes 2:2-4). A la suite de leur prédication, homme et femmes commencent à être baptisés et reçoivent le nom de chrétiens (Actes 11:26) en tant que membres de l’Église du Christ.

Les paroles du Seigneur « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que Je vous ai commandé. Et Moi, Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Matthieu 28:18-20) motivent les missionnaires et la doctrine chrétienne est propagée dans tout le bassin méditerranéen. De nouvelles communautés se forment localement. Ce sont les Eglises dont l’apôtre Paul parle lorsqu’il les appelle : « L’église de Dieu qui est à Rome…, ou à Corinthe…, ou à Thessalonique… ». Ce sont dans ces communautés que s’entretient le souvenir de la vie et de l’enseignement du Christ, de la mémoire de Ses miracles, des faits entourant Sa passion, Sa résurrection, Son ascension, ainsi que les prophéties de Son second avènement.

Ces Églises s’organisent localement selon le principe : une Eglise, un évêque, des prêtres, des diacres, des personnes laïques. En revanche, l’Église Orthodoxe est bien une. Le lien de communion qui unit les Eglises locales entre elles, de même que la reconnaissance de la Succession Apostolique des évêques qui en ont la responsabilité, rattache les Eglises locales à l’Eglise universelle. Le partage d’une même eucharistie, corps et sang du Chris, fonde et manifeste l’unité des Eglises comme membres d’un même corps.

Très rapidement, une question centrale va se poser : comment recevoir les païens au sein de l’Eglise ? Car en débordant des limites de Jérusalem, le christianisme ne touche plus uniquement le judaïsme, mais il se répand aussi auprès des personnes issues du paganisme. Une dissension va alors voir le jour entre les défenseurs de la loi transmise par Moïse, qui souhaitent l’imposer à ceux qui voulaient devenir chrétiens sans passer par le ritualisme juif, et ceux qui considèrent la foi en Christ comme suffisante pour devenir membres de l’Eglise.

Une assemblée, aussi appelée concile, se tient alors à Jérusalem pour déterminer la pratique à suivre. Les apôtres sont favorables à la seconde option (Actes 15:5-29). Cet événement central détermine non seulement le fonctionnement collégial de l’Eglise, ainsi qu’il est interprété par l’Eglise Orthodoxe, mais il libère aussi son action missionnaire.

Les voyages apostoliques, notamment de l’apôtre Paul – un juif converti au christianisme après une vision dont il fait l’expérience sur le chemin de Damas (Actes 9:3-19), – établissent des communautés chrétiennes dans les principaux centres de l’Empire Romain et parfois même au-delà. A la mesure que les premières communautés apparaissent dans les principaux centres urbains et les campagnes environnantes, elles s’organisent localement autour de la personne de l’évêque, assistée par des prêtres et des diacres.

La prédication orale des apôtres est progressivement mise par écrit. Ces documents extrêmement anciens et rassemblés en vue de transmettre la vérité de la tradition chrétienne, fondée sur la révélation de Jésus Christ comme Dieu, forment le Nouveau Testament. Voici les vingt-sept textes qui le composent :

Quatre évangiles (selon saints apôtres Matthieu, Marc, Luc, Jean)

Actes des apôtres

Quatorze épîtres de l’apôtre Paul

Deux épîtres de l’apôtre Pierre

Trois épîtres de l’apôtre Jean

Une épître de l’apôtre Jacques

Une épître de l’apôtre Jude

Apocalypse de l’apôtre Jean

Le premier récit de la Résurrection du Christ vient de la lettre de l’apôtre Paul aux Corinthiens, écrite vers 54 après la naissance de Jésus Christ. « Il est apparu à Céphas, puis aux douze apôtres. Ensuite, Il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois ; la plupart sont encore vivants et quelques-uns sont morts. Ensuite, Il est apparu à Jacques, puis à tous les apôtres. En tout dernier lieu, Il m’est aussi apparu… » (1 Corinthiens 15:5-8).

Les Évangiles attestent que Jésus est apparu après Sa Résurrection d’abord à femmes à Jérusalem, puis à Emmaüs, et dans la pièce du haut. Selon saints apôtres Matthieu et Jean, Jésus se montre en Galilée ; Luc parle également du mont des Oliviers, d’où Il est emporté au ciel. Aussi, apôtre Luc inclut le récit de l’apparition de Jésus aux deux disciples sur la route d’Emmaüs, le dimanche après-midi.

Les disciples du Christ ont été persécuté localement à Jérusalem, lorsqu’ils annonçaient la Résurrection du Seigneur Jésus. Plus de détails de ces persécutions : Actes de apôtres, chapitres 4 à 8.

Les trois premiers siècles de son existence, le christianisme est persécuté par les autorités de l’Empire Romain. L’oppression impériale augmente à mesure que christianisme s’affranchit du judaïsme. La séparation devient inéluctable au moment de la destruction du temple de Jérusalem, en l’an 70 de l’ère chrétienne. Six années plus tôt, en 64, les chrétiens sont accusés d’être à l’origine du grand incendie de Rome. L’empereur Néron, qui règne de 54 à 68, s’en prend systématiquement à eux. Les nombreuses sources historiques de cette époque rendent compte des accusations qui sont portées à leur encontre. En 106, par exemple, l’empereur Trajan (règne 98-117) ordonne que des offrandes soient apportées aux dieu païens à la suite d’une importante victoire militaire. L’évêque d’Antioche saint Ignace s’y refuse. Il est alors emprisonné avant d’être envoyé à Rome pour y être dévoré par les lions, en 107. En chemin vers son martyr, saint Ignace laisse une importante correspondance.

Au IIème siècle, l’empereur Trajan est extrêmement opposé au christianisme, de même que Marc Aurèle (règne 161-180) qui autorise la torture pour obliger les chrétiens à renier leur foi et rend leur traque systématique. De son côté, l’empereur Décius (Dèce, règne 249-251) veut en finir avec le christianisme. L’empereur Dioclétien (règne 284-305), quant à lui, cherche à détruire les lieux du culte chrétien, tout en privant les chrétiens de leurs droits, jusqu’à les soumettre à la torture, l’emprisonnement et la condamnation à mort. Leur refus du polythéisme qui se manifeste dans le refus de sacrifier aux dieux païens du panthéon romain, ainsi que le refus de vénérer l’empereur en tant que divinité, est perçu comme défiance à l’ordre socio-religieux établi.

C’est à cette époque que Tertullien, l’écrivain chrétien de Carthage, écrivit le plus important de ces ouvrages : Apologétique contre les gentils et pour les chrétiens. Il l’adressa aux pontifes de l’Empire Romain, c’est-à-dire à tous les gouverneurs qui cumulaient l’autorité religieuse avec l’autorité civile. Les successeurs de Trajan et de Marc-Aurèle avaient imité leur politique à l’égard des chrétiens. Aucun d’eux, jusqu’à Décius, ne publia d’édit de persécution générale, mais les chrétiens n’en étaient pas moins poursuivis et livrés au supplice. Les préfets de Rome et des provinces décrétaient les plus affreux supplices contre ceux qui leur étaient dénoncés comme chrétiens et refusaient d’abjurer leur religion. Sous Septimus Severus, l’empire était couvert de sang. Le gouverneur d’Afrique, Saturninus, se montrait d’une cruauté inouïe. Il venait de condamner à mort une troupe de fidèles, restés célèbres en Afrique sous le titre de martyrs scillitains, lorsque Tertullien éleva courageusement la voix pour la défense de ses frères :

« Que de cruautés vous exercez contre nous, soit par haine, soit pour obéir aux lois ! Souvent sans attendre la sentence, le peuple nous lapide ou brûle nos maisons. Dans les bacchanales, on n’épargne pas même nos morts ; on les tire de leurs tombeaux pour les mettre en pièces. Qu’avons-nous fait pour nous venger ? Une seule nuit et un peu de feu, et nous aurions été vengés, s’il nous eût été permis de rendre le mal pour le mal. … Nous ne sommes que d’hier, et nous remplissons tout, vos villes, vos îles, vos villes fortifiées, vos communes, vos réunions, vos camps eux-mêmes, vos tribus, vos décuries, le palais, le sénat, le forum ; nous ne vous laissons que vos temples. ».

Ce passage est très remarquable, et prouve que, malgré les persécutions, le christianisme avait, après un siècle et demi de prédication, obtenu une grande importance numérique dans l’Empire Romain et en dehors des limites de l’Empire.

La haute raison et l’éloquence de Tertullien ne pouvaient prévaloir contre la haine atroce que soulevait le nom de chrétien.

La terre d’Afrique était teinte du sang des martyrs. Le gouverneur Saturninus avait commencé la persécution en condamnant à mort une troupe de martyrs connus sous le titre de Scillitains.

Ensuite, ce fut une troupe de martyres à la tête desquels étaient deux jeunes femmes, Vivia Perpetua, une patricienne, et Felicitas, une esclave, sœurs par la foi et le courage. A côté d’elles souffrirent la mort Revocatus, Saturninus, Secondulus et Satur. Tandis qu’ils étaient en prison, Perpetua eut des visions célestes dans lesquelles elle était avertie des tourments qu’ils auraient à endurer. Dieu se communiquait aux martyrs, soit par des visions, soit par les communications intimes d’une grâce exceptionnelle. Il est impossible d’expliquer autrement leur courage surhumain. Les détails des souffrances, consignées dans des actes authentiques qui ont été conservés, ne peuvent laisser aucun doute sur le caractère surnaturel du courage des martyrs. C’est Dieu qui luttait en eux et qui les rendait supérieurs aux plus atroces tortures.

Tertullien puisa dans la lutte une nouvelle énergie. Il adressa aux martyres les exhortations les plus vives, et aux païens des reproches sur leur férocité. Le gouverneur Saturninus ayant été remplacé par Scapula, Tertullien s’adressa à lui : « Que nous reprochez-vous ? de ne pas adorer les dieux, de ne pas nous soumettre à l’empereur. Vos dieux ? nous ne les adorons pas parce qu’ils sont des démons ; mais nous adorons le seul vrai Dieu. L’empereur ? nous lui obéissons et vous ne trouvez aucun des nôtres parmi les factieux. … comment feras-tu pour détruire tant de milliers d’hommes et de femmes, d’enfants, et dans toutes les conditions sociales ? Que de feux, que de glaives, il te faudra ! Carthage elle-même, tu devras la décimer, et tu trouveras des victimes jusque dans la noblesse, parmi tes officiers et tes amis. ».

Parmi les livres écrits par Tertullien contre les hérétiques, il faut placer « Les Prescriptions », un des chefs-d’œuvre de la polémique chrétienne. Le titre de cet ouvrage est emprunté au Droit. L’auteur établit que l’Eglise étant, depuis son origine, en possession d’une doctrine déterminée, elle possède la prescription contre toute doctrine nouvelle que l’on voudrait lui communiquer, et qu’elle peut en appeler à une fin de non-recevoir contre tous les novateurs. Ce fut au début du troisième siècle, que Tertullien soutint une thèse semblable. Cette simple remarque est une réponse péremptoire aux système contradictoires de ceux qui ont prétendu que la doctrine de l’Eglise s’était formée progressivement, ou de ceux qui ont soutenu que, après l’époque apostolique, l’Eglise avait dévié de la doctrine positive qui lui avait été confié dès le commencement. Tertullien pose, pour base de ces raisonnements, ce fait : que, de son temps, c’est-à-dire après deux siècles d’existence, l’Eglise possédait un corps de doctrine auquel on ne pouvait attribuer une autre origine que l’enseignement apostolique ; que cette doctrine était la même dans toutes les Eglises, soit d’Orient, soit d’Occident. Les novateurs arrivaient donc trop tard pour proposer de nouvelles théories.

Voici un extrait sur la règle de la foi : « Il n’y a qu’un Dieu unique, et il n’y en a pas d’autre que le Créateur du monde qui a tiré toutes choses de rien par son Verbe, lequel a été produit d’abord. Ce Verbe, appelé son Fils, s’est fait voir de différentes manières aux patriarches, a toujours été entendu des prophètes, et enfin est venu, de l’Esprit et de la puissance de Dieu le Père, dans la vierge Marie, est devenu chair dans son sein, est né d’elle, et a agi sous le nom de Jésus Christ. Il a annoncé la loi nouvelle et la nouvelle promesse du royaume des cieux ; il a fait des miracles ; il a été attaché à la croix ; il est ressuscité le troisième jour ; il a été emporté aux cieux et il est assis à la droite du Père. Il a envoyé la puissance du Saint Esprit pour le suppléer dans la direction des croyants ; il viendra avec éclat pour emmener les saints dans la jouissance de la vie éternelle et des promesses célestes, et condamner les impies au feu perpétuel, après les avoir ressuscité les uns et autres dans leur chair. ».

Voici un regard sur les hétérodoxes : « Rappelons-nous les enseignements du Seigneur et des Apôtres. Ils nous ont avertis qu’il y aurait des hérésies et qu’il fallait les fuir ; que nous devons conserver entre nous l’unité de doctrine, ce à quoi toutes les hérésies s’opposent ; que l’hérésie consiste à dénaturer la doctrine reçue et qui doit être si fidèlement conservée que, si un ange venait en enseigner une autre, il faudrait lui dire « anathème ». L’origine des hérésies, c’est cette sagesse humaine que la vérité appelle « folie ». Les hérétiques ont copié Platon, Épicure, Zénon ou Héraclite ; Aristote leur a fourni leur fausse dialectique. Ils ont voulu tout expliquer et ils se sont perdus en généalogies interminables, en vaines logomachies. … Après Jésus Christ, nous n’avons pas besoin de ces choses curieuses ; après l’Évangile, nous n’avons plus à chercher. Nous croyons, et nous n’éprouvons pas le désir de croire plus de choses ; car c’est là la base de notre foi : que nous n’avons pas à croire d’autre doctrine. Mais, dit-on, le Seigneur n’a pas dit : « Cherchez et vous trouverez » ? Mais à qui Il a adressé ces paroles ? A ceux qui ne croyaient pas encore en Lui. … Les hérétiques n’admettent pas toutes les Écritures ; ils n’en acceptent que ce qui leur convient ; ils interprètent à leur manière ce qui les concerne. … L’hérésie est comme le masque de la vérité ; et la ressemblance ne peut être antérieure au visage. ».

Cet ouvrage est rempli de détails importants sur les dogmes, sur les rites de l’Eglise de cette époque et principalement sur la constitution de l’Eglise elle-même. Cette constitution avait pour base un sacerdoce transmis par ordination. Au premier rang était l’évêque ; au second – le prêtre ; au troisième – le diacre. Les fonctions sacerdotales étaient remplies par eux, non en vertu d’une délégation de la société, mais d’un rite sacré.

Le régime de l’Eglise n’était donc pas démocratique, dans le sens que l’autorité y serait venue des fidèles ; il n’était pas aristocratique, car les pasteurs, malgré leurs fonctions sacrées d’origine divine, n’avaient aucun droit et ne possédaient que des devoirs en ce qui concernait le dépôt sacré de la révélation confié à la société entière (c’est-à-dire aux fidèles aussi bien qu’à eux). Encore moins le régime de l’Eglise était monarchique ; car, non seulement aucun pasteur, mais aucune Eglise n’y possédait d’autorité supérieure aux autres. Les Eglises apostoliques étaient, au même titre, les dépositaires de l’enseignement des Apôtres ; et leur témoignage avait la même valeur pour attester la doctrine qu’elles avaient reçue et conservée.

L’Eglise, constituée sur un épiscopat dont tous les membres étaient unis de communion, formait une société dont l’existence se montre très clairement définie, dont la vie et l’action se distinguent parfaitement de toutes les autres agglomérations chrétiennes, groupées sous telle ou telle dénomination particulière. Ces agglomérations forment des sectes (hérésies et schismes) à l’égard de l’Eglise. L’Eglise, elle, prend le titre de catholique ou d’universelle, parce que son caractère est de n’être limitée ni par le temps, ni par l’espace, et de former un tout homogène, vivant de la même vie spirituelle à toutes les époques et dans tous les lieux où elle est constituée. Cette homogénéité de la vie de l’Eglise est incontestable pendant les trois premiers siècles.

Un des évêques les plus célèbres du troisième siècle est saint Cyprien, évêque de Carthage. Thascius Caecilius Cyprianus, naquit en Afrique. Il fut d’abord idolâtre et se distingua dans l’enseignement de l’éloquence. Devenu chrétien, il crut qu’il se rendrait agréable à Dieu en observant la continence et en distribuant ses biens aux pauvres. Il d’adonna avec tant de zèle à la pratique de toutes les vertus, que peu de temps après son baptême, il fut élu au siège de la métropole africaine, vers l’an 248. Avant son élévation à l’épiscopat, il avait écrit deux ouvrage : la « Lettre à Donatus », et le traité « De la vanité des idoles ». Dans le premier, il avait pour but de faire connaître à son ami sa conversion et les changements que le baptême avait opérés en lui. Le second était une protestation contre le culte qu’il avait jadis pratiqué.

Cyprien était évêque depuis très peu de temps lorsque la persécution de Décius éclata sur l’Eglise. Il ne jugea pas prudent de s’exposer au martyre : sa mort aurait laissé son église privée de son premier pasteur, au moment où ses exhortations pouvaient lui être nécessaires.

La persécutions ayant alors cessé par la mort de l’empereur Décius (en 253), Cyprien, après une retraite d’environ deux années, put rentrer dans son Eglise.

Pour réagir aux agissements du schismatique Novatianus, saint Cyprien écrivit un traité « De l’unité de l’Eglise ». Le but de l’auteur était de prouver que dans l’Eglise, il n’y avait qu’un épiscopat, lequel avait succédé à l’apostolat ; que l’épiscopat était Un comme l’apostolat avait été Un ; que, dans une Eglise particulière, vouloir établir deux évêque, c’était scinder l’épiscopat, diviser l’Eglise catholique, et former un schisme ; que principalement l’unité épiscopale qui manifeste l’unité de l’Eglise, laquelle unité consiste essentiellement dans l’identité de la doctrine. C’est par les évêques que la doctrine est conservée dans son identité et que l’unité de l’Eglise apparaît dans toute sa splendeur. En parlant de l’unité de l’épiscopat, saint Cyprien de Carthage enseigne que cet épiscopat ne forme qu’une seule et même autorité possédée solidairement par tous les évêques, au même titre. Celui qui s’élève contre un évêque s’élève donc contre l’épiscopat catholique ; il divise l’Eglise, il forme un schisme.

Lors de persécution de Valerianus, saint Cyprien fut d’abord exilé à Curibe, et souffrit le martyre onze mois après. Pendant son exil, il adressa des consolations et des secours aux confesseurs qui avaient été condamnés aux mines de la Mauritanie et de la Numidie. Parmi eux étaient plusieurs évêques qui avaient assisté aux derniers conciles de Carthage. Cyprien, de retour de son exil habitait une petite maison de campagne aux environs de Carthage. Il consacra le peu de temps qui lui restait à vivre aux soins de son Eglise, et il distribua aux pauvres tout ce qu’il possédait encore. Il s’attendait chaque jour à donner sa vie. Seulement, il voulait mourir à Carthage, au sein même de son Eglise. Le proconsul Maximus Gabrius fit arrêter Cyprien peu de temps après. On l’amena à Sexti, village près de Carthage. Cyprien comparut avec dignité devant le proconsul et ne répondit à ses accusations que par ces quelques mot : « Fais ce que tu as ordre de faire ». Le proconsul prononça alors cette sentence : « Nous ordonnons que Thascius Cyprianus aura la tête tranchée ». Le saint répondit : « Dieu soit loué ! ».

Saint Cyprien fut exécuté le 14 septembre 258. Son martyre eut un grand retentissement dans toute l’Eglise. Pendant sa vie, on avait admiré son génie jusqu’aux confins les plus reculés de l’Orient ; après sa mort, on célébra partout l’anniversaire de sa naissance au ciel. On trouve son panégyrique parmi les œuvres de saint Grégoire le Théologien (plus de détails sur st Grégoire : ici). En Orient comme en Occident, on l’a toujours considéré comme un des témoins les plus autorisés de la Tradition de l’Eglise. Le concile d’Ephèse l’admit au nombre des dix écrivains dont il invoqua le témoignage en faveur de la doctrine de l’Eglise.

C’est avec l’avènement de l’empereur Constantin le Grand (règne 306-337) que le christianisme connaît des jours meilleurs. En effet, cette longue période de persécution est officiellement close en 313, alors que Constantin promulgue l’édit de Milan, un décret de tolérance religieuse par lequel « chacun peut désormais adorer à sa manière la divinité qui se trouve dans le Ciel » et accordant la liberté de culte à toutes les religions, dont le christianisme.

Les biens des chrétiens qui leur avaient été confisqués leur étaient rendus, leur culte était autorisé et ils n’étaient plus victimes de discriminations.

La vie ecclésiale s’organise administrativement par diocèses ; chaque diocèse est constitué des plusieurs paroisses. Le diocèse est une circonscription territoriale de l'Empire romain à la fin du IIIᵉ siècle. Le terme a été adopté par l'Église pour désigner le territoire canonique placé sous la responsabilité d'un évêque.


Lecture recommandée : Wladimir Guettée, Histoire de l'Eglise, Tome 2


P.S. : la suite est à venir…